Le gouvernement japonais s'est ému lundi de la présence annoncée du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à la parade militaire organisée jeudi par la Chine pour commémorer la capitulation du Japon lors de la Deuxième guerre mondiale.
Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a appelé l'ONU, organisation de 193 pays, à faire preuve de "neutralité".
"Nous voulons encourager les Etats membres à regarder vers l'avenir et à ne pas se focaliser inutilement sur des événements particuliers du passé", a déclaré M. Suga à l'occasion de son point de presse quotidien, après que le Japon a adressé ses récriminations à l'instance vendredi dernier.
Désireuse de célébrer en grande pompe le 70e anniversaire de la défaite japonaise, la Chine organise jeudi une importante parade, la première depuis 2009, aux connotations très politiques, où elle devrait afficher sa puissance militaire. Environ 12.000 soldats défileront sur la place Tiananmen qui sera survolée par 200 avions.
Outre Ban Ki-moon, une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus, parmi lesquels le président russe Vladimir Poutine, la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye ou encore le président sud-africain Jacob Zuma.
De nombreux dirigeants étrangers ont cependant décliné l'invitation. La France a décidé d'envoyer son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, tout comme l'Italie, mais les Etats-Unis, l'Allemagne et le Canada ne seront représentés que par leurs ambassadeurs.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a pour sa part reporté une visite envisagée cette semaine en Chine, préférant rester à l'écart, préoccupé selon les médias par le caractère antijaponais de la parade.
"Les inquiétudes du gouvernement japonais concernant la visite du secrétaire général de l'ONU à Pékin témoignent de l'étroitesse d'esprit de l'administration de Shinzo Abe et de son obstination à s'arc-bouter sur des perceptions erronées de l'histoire", a estimé China Daily dans un éditorial publié lundi.
"Faire preuve aussi ouvertement de son mécontentement est contraire à la bienséance diplomatique", a ajouté le quotidien officiel, fustigeant des préoccupations nippones "aussi infondées qu'excessives".
Le Japon a occupé une partie de la Chine des années 1930 à la fin de la Seconde guerre mondiale. Pékin reproche toujours à Tokyo de ne pas reconnaître suffisamment l'ampleur des crimes de guerre commis durant l'occupation, et associe volontiers ce contentieux historique aux différends territoriaux qui opposent les deux pays.