Une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens et de combats meurtriers est sur le point d'entrer en vigueur au Yémen, après 24 heures de bombardements intensifs menés par la coalition anti-rebelles sur Sanaa.
Ces bombardements "massifs" dans la nuit de lundi à mardi ont causé de "sérieux dégâts" dans la vieille ville de la capitale yéménite, classée au patrimoine mondial de l'humanité, a déploré mardi l'Unesco.
Une coalition menée par l'Arabie saoudite mène depuis le 26 mars une opération aérienne visant à stopper l'avancée des rebelles chiites Houthis, qui se sont emparés de vastes régions du pays, et de la capitale, Sanaa.
Alors que la trêve doit entrer en vigueur à 23H00 locales (20H00 GMT), le pays a connu de nouveaux raids aériens de la coalition et des combats entre rebelles Houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Un dépôt d'armes des rebelles situé près de la capitale Sanaa a été de nouveau bombardé par la coalition dans la nuit et mardi matin, provoquant une série d'explosions, selon un correspondant de l'AFP, le ministère de la Santé faisant état de 69 morts, en majorité des civils, et 250 blessés.
- Craintes pour la trêve -
A Aden, grande ville du sud du Yémen, les combats entre rebelles et partisans de M. Hadi n'ont pas cessé, faisant lundi 6 morts et 52 blessés. Un responsable de l'administration locale a dit craindre de voir la trêve "ne pas tenir à Aden, au vu de la recrudescence des attaques des Houthis".
Toujours dans le sud du pays, des dizaines de rebelles et de pro-Hadi ont été tués ces dernières 24 heures dans de violents combats dans les provinces de Dhaleh et Chabwa, selon des responsables locaux. Dans le sud-ouest, cinq civils ont été tués mardi par des obus à Taëz, selon des sources médicale et locale.
De violents affrontements opposaient en milieu de soirée rebelles et combattants pro-Hadi dans la province de Baïda (centre) faisant plusieurs victimes, alors que la coalition a bombardé un site de DCA contrôlé par les Houthis, dans la province de Mareb, à l'est de Sanaa, selon des témoins.
La coalition a perdu un avion marocain que les rebelles ont dit avoir abattu lundi. Selon le porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, la chute du F-16 est due à un problème technique ou une erreur humaine. Il a appelé les rebelles à agir de façon "responsable (vis-à-vis du pilote), qu'il soit mort ou vivant".
Un cessez-le-feu de cinq jours renouvelables, proposé vendredi par l'Arabie saoudite dans le but de faciliter l'acheminement d'aide humanitaire à la population civile, devait entrer en vigueur en fin de soirée.
Les militaires fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, alliés des Houthis, ont été les premiers à l'accueillir favorablement alors que les Houthis ont laissé entendre du bout des lèvres dimanche qu'ils étaient prêts à respecter une telle trêve.
Anticipant un arrêt des combats, l'ONU a dit se préparer à une large opération humanitaire au Yémen, où selon elle 12 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.
Au total, 828 civils ont été tués depuis le 26 mars selon l'ONU.
- Enfants soldats -
Le Programme alimentaire mondial (PAM) - qui a pu venir en aide à 1,1 million de Yéménites en avril, a dit se tenir prêt à apporter des rations alimentaires d'urgence à plus de 750.000 personnes dans les régions touchées par le conflit.
L'organisation onusienne avait annoncé le 30 avril que la pénurie de carburant l'obligeait à arrêter progressivement ses distributions de nourriture.
Depuis, un navire, chargé de 250.000 litres de carburant et d'équipements, a accosté samedi au port de Hodeida (ouest).
Sur le plan diplomatique, le nouvel émissaire des Nations unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, est arrivé à Sanaa pour sa première mission au Yémen depuis qu'il a remplacé le 25 avril le Marocain Jamal Benomar. Cité par l'agence Saba, contrôlée par les Houthis, il s'est dit "convaincu qu'un règlement de la crise yéménite passe par le dialogue, qui doit être inter-yéménite".
Par ailleurs, Human Rights Watch a prévenu que le recrutement d'enfants par les Houthis, qui selon l'ONG s'est accentué ces derniers mois, peut être assimilé à des "crimes de guerre". Selon HRW, les enfants constituent jusqu'au tiers des combattants des Houthis et d'autres groupes armés au Yémen.