Les crises du Moyen-Orient au coeur d'une visite de Netanyahu à Londres

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous pression européenne en raison de la poursuite de la colonisation et de l'impasse du processus de paix, se rend mercredi en Grande-Bretagne pour rencontrer son homologue David Cameron.

Pour sa première visite en Grande-Bretagne depuis les funérailles de la "Dame de fer", Margaret Thatcher, en 2013, il est la cible d'une pétition en ligne sur le site du Parlement britannique réclamant son arrestation pour "crimes de guerre" notamment lors de la dernière guerre à Gaza.

Parce qu'elle a dépassé les 100.000 signatures, le gouvernement britannique a dû y répondre officiellement: il a rappelé que les chefs d'Etats en visite officielle ne pouvaient pas être poursuivis.

M. Netanyahu sera en Grande-Bretagne de mercredi à vendredi. Son bureau a annoncé qu'il s'entretiendrait jeudi avec M. Cameron, mais a refusé d'évoquer les sujets à l'ordre du jour de cette rencontre qui intervient alors que le gouvernement israélien est confronté à plusieurs dossiers brûlants.

Seize pays européens, dont la Grande-Bretagne, ont appelé à mettre en place l'étiquetage des produits fabriqués dans les colonies israéliennes et Israël continue de batailler contre l'accord conclu le 14 juillet sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les grandes puissances, dont Londres qui a rouvert le mois dernier son ambassade à Téhéran.

En outre, les deux hommes pourraient échanger des renseignements sur le groupe Etat islamique (EI) et les jihadistes se rendant ou quittant le Moyen-Orient, avancent des experts.

Interrogé par l'AFP, un responsable israélien s'est borné à dire que des questions régionales et bilatérales seraient discutées et que la rencontre visait à "renforcer une relation déjà très bonne".

- Iran et colonies -

Aussitôt après la signature de l'accord avec l'Iran, le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Philip Hammond s'était rendu en Israël. Mais cette tentative de rassurer l'Etat hébreu s'était terminée sur l'étalage au grand jour des désaccords entre les deux hommes.

Car si les grandes puissances se sont félicitées de cet accord, pour M. Netanyahu, il n'empêchera pas l'Iran de se doter de la bombe atomique et la levée des sanctions lui permettra de renforcer son aide aux mouvements qu'il soutient dans la région, comme le Hezbollah libanais ou le Jihad islamique palestinien.

L'autre grand sujet qui devrait dominer l'ordre du jour, c'est la colonisation israélienne, illégale aux yeux de la communauté internationale.

En avril, 16 des 28 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, dont M. Hammond, ont réclamé un étiquetage clair des produits venus des colonies de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan, occupés par Israël depuis 1967.

Lors de la campagne électorale de mars, M. Netanyahu avait provoqué l'ire de nombreuses capitales en affirmant vouloir poursuivre la colonisation et en s'engageant durant son mandat à refuser tout Etat palestinien, un point sur lequel il est ensuite en partie revenu.

M. Netanyahu, probablement inquiet de "l'érosion graduelle de la position d'Israël dans le monde", voit dans M. Cameron "l'un des visages les plus amicaux vis-à-vis d'Israël", estime Yossi Mekelberg de la Regent's University de Londres.

Le processus de paix pour mettre un terme à près de 70 ans de conflit avec les Palestiniens est au point mort depuis plus d'un an et le dernier échec d'une médiation américaine. Côté palestinien, la division persiste et l'incertitude règne, toutes les décisions étant suspendues à l'avenir de la direction palestinienne, que le président Mahmoud Abbas tente de remodeler tout en menaçant de la quitter.

Son grand rival, le Hamas islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, affirme mener des contacts indirects --notamment via l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair-- avec Israël pour une trêve de longue durée dans l'enclave ravagée par trois guerres ces sept dernières années. La dernière, à l'été 2014, a fait 2.251 morts côté palestiniens, en grande majorité des civils, et 73 côté israélien, quasiment tous des soldats.