Il est des semaines où justice et transition ne riment pas ensemble. Ainsi, le Burkina Faso a connu un sinistre retour en arrière ce 17 septembre avec la prise de pouvoir du général Gilbert Diendéré à quelques jours des élections présidentielles qui devaient sceller l’ancrage démocratique de ce pays après les années Compaoré. L’accord conclu ce week end sous l’égide de la CEDEAO est particulièrement ambigu : il prévoit un retour au pouvoir civil et des élections en novembre mais aussi l’impunité pour les militaires putschistes et une révision apparemment contrainte de la liste des candidats à la présidentielle afin d’inclure des caciques de l’ancien régime. Les manifestations rudement réprimées des Burkinabès qui veulent encore croire à la Révolution qui avait chassé Compaoré ont fait près d’une vingtaine de morts tués par les balles de l’armée. La CEDEAO invente la répression récompensée, le coup d’Etat sans risque. Un très mauvais exemple pour toute l’Afrique, très mal reçu et à juste titre par les acteurs de l’opposition et de la société civile.
Autre transition difficile, la Centrafrique où il apparaît de plus en plus difficile de tenir des élections en octobre alors qu’une grande partie du pays reste aux mains des milices et que le recensement des électeurs notamment les réfugiés n’a toujours pas été achevé. Comment organiser des scrutins dans un tel contexte alors que la communauté internationale qui a tant fait pression pour que la transition s’achève n’a toujours pas donné tous les fonds promis pour financer ces exercices électoraux. Le président gabonais Ali Bongo, président en exercice de la Communauté Économique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) en charge de la transition a dit douter du respect de ce calendrier.
Enfin les élections locales au Mali prévues pour le 25 octobre pourraient être décalées pour des raisons de sécurité.
Sri Lanka
Sur un autre continent, le Sri Lanka a timidement commencé sa longue marche vers la réconciliation après des décennies de guerre. Le gouvernement sri-lankais s'est ainsi engagé à juger ceux qui seraient accusés de crimes de guerre pendant le conflit avec les Tigres tamouls, sans toutefois accepter une enquête internationale, comme le préconisait la veille un rapport de l'ONU. Ce rapport, rédigé par des experts mandatés par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, dénonce de "graves violations entre 2002 et 2011" avec de "fortes indications que des crimes de guerre et contre l'humanité ont été probablement commis par les deux parties en conflit". Il recommande la constitution d'un tribunal spécial associant magistrats locaux et internationaux. La guerre civile au Sri Lanka, qui a duré 37 ans, a fait plus de 100.000 morts et a pris fin en 2009 avec l'écrasement de la rébellion séparatiste des Tigres tamouls.