La justice serbe a réhabilité jeudi le général royaliste Dragoljub Mihajlovic, dit "Draza", que les autorités communistes yougoslaves avaient condamné à mort et exécuté en 1946, a rapporté la télévision d'Etat serbe (RTS).
Le juge Aleksandar Tresnjev a déclaré que la cour avait accepté la demande de réhabilitation, déposée en 2006 par le petit-fils du général, et a annulé le verdict prononcé le 15 juillet 1946 qui condamnait à mort "Draza" Mihajlovic, déclaré coupable de trahison et crimes de guerre, selon la RTS.
Le tribunal a fait valoir que le verdict prononcé il y a 69 ans était le résultat d'un procès illégal mené pour des motifs politiques et idéologiques.
Le général Mihajlovic n'a pas eu droit à une défense équitable et à un procès impartial, il n'a pas vu son avocat jusqu'au début du procès et n'a pas été autorisé à faire appel, a précisé le juge Tresnjev dans la justification son verdict.
La décision de la cour est définitive.
"Draza" Mihajlovic avait mis en place le mouvement royaliste tchetnik en 1941. Il avait combattu dans un premier temps les occupants nazis, avant de se mettre à collaborer avec eux et à lutter contre les partisans du leader communiste yougoslave Josip Broz Tito.
En 1948, le président américain Harry S. Truman avait décoré à titre posthume le général Mihajlovic pour avoir sauvé 500 pilotes américains pendant la Seconde guerre mondiale.
La décoration avait été remise aux membres de la famille du général en mai 2005, un geste contesté dans les pays de la région, notamment en Croatie.
Durant la Seconde guerre mondiale, les tchetniks de "Draza" Mihajlovic ont commis des exactions à l'encontre de diverses communautés dans les Balkans, comme les Croates et les musulmans. Dans les années 90, des paramilitaires serbes s'identifiant au mouvement tchetnik avaient commis des atrocités à l'encontre de ces mêmes communautés.
A Zagreb, la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic s'est déclarée "extrêmement désagréablement surprise" par la décision de la justice serbe qu'elle "a condamné fermement comme une tentative de révision de l'histoire".
En Bosnie, le président du Parti social-démocrate, Nermin Niksic, a estimé que "la réhabilitation de Draza Mihajlovic est une preuve que le fascisme n'a pas été vaincu dans cette région et qu'il est, tous les jours, de plus en plus puissant".