Une vingtaine d'organisations musulmanes américaines ont déposé une plainte la semaine passée à New York contre le président birman Thein Sein et d'autres membres de son gouvernement pour des crimes commis contre la minorité Rohingya, qui s'apparentent selon eux à un génocide.
Cette action en justice intervient un mois avant d'importantes élections en Birmanie, considérées comme un test pour la démocratie.
Un porte-parole du président n'a pas accordé beaucoup d'importance à cette plainte déposée jeudi dernier: "La Birmanie n'est pas un vassal de l'Amérique. Je ne vois pas comment la Birmanie pourrait être conduite devant un tribunal fédéral en Amérique", a-t-il dit lundi.
La plainte demande à la juge Debra Freeman de convoquer le président Thein Sein, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Wunna Maung Lwin et d'autres dignitaires. La loi "Alien Tort Statute" permet à des citoyens étrangers de réclamer des dommages pour des violations des droits de l'homme commises hors des Etats-Unis.
Selon le texte déposé par ces organisations musulmanes, les Rohingyas sont "les cibles principales de crimes de haine et de discrimination qui s'apparentent à un génocide nourri par les moines bouddhistes nationalistes extrémistes et le gouvernement de Thein Sein".
"Depuis 1962 le gouvernement suprémaciste bouddhiste de Birmanie a dirigé avec une idéologie unique et qui exclut les minorités", ajoute la plainte, selon laquelle les Rohingyas ne sont pas autorisés à obtenir la nationalité et sont "brutalement persécutés en raison de leur foi et de leur appartenance ethnique".
Ces mauvais traitements ont conduit de nombreux Rohingyas à fuir le pays, causant une crise migratoire dans toute la région.
Gurpatwant Pannun, un avocat du cabinet qui a déposé la plainte au nom de 19 organisations musulmanes, a estimé que Thein Sein devait être tenu responsable: "Quand un génocide aura été reconnu, cela devient la responsabilité de l'administration américaine de poursuivre ceux qui en sont responsables parce que c'est une convention internationale que les Etats-Unis ont signée".
Environ 1,3 million de Rohingyas vivent en Birmanie, qui leur refuse la citoyenneté et les considère comme des immigrés clandestins du Bangladesh. Ceux-ci sont victimes de multiples discriminations, travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, absence de droit de séjour, règles de mariage injustes et confiscation des terres. Ils ont également un accès limité à l'éducation secondaire et supérieure, ainsi qu'à d'autres services publics.