Médecins sans Frontières (MSF), dont 9 patients et 24 employés manquent toujours à l'appel, a dit craindre jeudi de "retrouver d'autres corps" dans les décombres de son hôpital de Kunduz, en Afghanistan, cinq jours après la frappe américaine qui a tué au moins 22 personnes.
La nuit du bombardement, les soignants de l'organisation humanitaire traitaient 105 patients et "neuf d'entre eux manquent toujours à l'appel", a déclaré Guilhem Molinie, chef de la mission de MSF en Afghanistan, lors d'une conférence de presse à Kaboul. En outre, des 461 employés de MSF à Kunduz, "24 n'ont pas donné signe de vie".
"Nous essayons de retrouver leur trace", a souligné M. Molinie qui a estimé que "les conditions ne sont pas réunies" pour que l'hôpital de MSF à Kunduz puisse rouvrir et l'ONG renvoyer son personnel sur place. "Nous sommes bien conscients que nous risquons de retrouver d'autres corps dans les décombres de l'hôpital", a-t-il ajouté.
"Nous ne souhaitons pas spéculer sur le lieu où (les personnes manquantes) pourraient se trouver", a déclaré pour sa part Kate Stegeman, porte-parole de MSF en Afghanistan.
Médecins sans Frontières a retiré la totalité de son personnel de l'établissement au lendemain de la frappe aérienne américaine, réclamée par l'armée afghane, qui a tué au moins 12 employés et 10 patients.
Le président américain Barack Obama a présenté ses excuses à MSF mercredi, mais l'ONG continue à demander une enquête internationale indépendante sur ce bombardement, assurant ne pas faire confiance à celle menée par le Pentagone sur cette tragédie qu'elle a qualifiée de "crime de guerre".
"L'hôpital a été frappé à plusieurs reprises pendant près d'une heure", a encore assuré Christopher Stokes, directeur général de MSF, lors de cette même conférence de presse. L'ONG affirme avoir transmis préventivement les coordonnées GPS du centre de soins aux armées américaine et afghane et les avoir averties dès que les premières frappes ont eu lieu.
MSF demande que l'enquête soit menée par la Commission d'enquête internationale humanitaire, créée officiellement en 1991 dans ce cadre. Pour que la Commission puisse se saisir d'un dossier, au moins un des 76 Etats l'ayant reconnue doit demander l'ouverture d'une enquête.