Les forces irakiennes ont affirmé dimanche avoir touché dans un raid aérien le convoi du chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, l'un des hommes les plus recherchés de la planète, tout en soulignant que son sort était "inconnu".
En Syrie voisine, où l'EI sévit également, les troupes du régime, aidées par des frappes aériennes russes et des miliciens au sol, ont repris du terrain aux rebelles dans le centre et l'ouest du pays.
Fort de dizaines de milliers d'hommes et responsable de multiples exactions, l'EI contrôle aujourd'hui 50% de la Syrie et de vastes régions en Irak. Il est depuis plus d'un an la cible de raids aériens d'une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et visé également depuis le 30 septembre par l'aviation russe en Syrie.
Mais ces frappes n'ont pas réussi jusqu'à présent à le neutraliser.
Dimanche, les forces de sécurité irakiennes ont affirmé dans un communiqué que "l'armée de l'air irakienne avait mené une opération héroïque en ciblant le convoi du terroriste criminel Abou Bakr al-Baghdadi" dans l'ouest de l'Irak, à environ 5 km de la frontière syrienne.
"L'état de santé de (Baghdadi) n'est pas connu", a toutefois ajouté le texte. Il a été "transporté dans un véhicule" après la frappe à Karabla, localité sur le fleuve Euphrate.
Le convoi a été visé alors que le chef de l'EI se dirigeait "vers la région de Karabla pour participer à une rencontre des leaders terroristes de Daech", un acronyme en arabe de l'EI, selon le communiqué.
La frappe a eu lieu samedi en milieu de journée, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Les forces de sécurité irakiennes ont dans le passé affirmé que le chef de l'EI avait été blessé ou tué dans des raids mais ces affirmations n'avaient jamais pu être vérifiées ou s'étaient ensuite avérées fausses.
- Lieu de rencontre bombardé -
"Le lieu de la rencontre (des chefs de l'EI) a été également bombardé et plusieurs des chefs qui étaient présents ont été tués ou blessés", a ajouté le communiqué.
La frappe a été coordonnée avec les services de renseignement du ministère de l'Intérieur et le centre de commandement conjoint des opérations qui incluent les conseillers militaires de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, a-t-il poursuivi.
L'EI a proclamé en juin 2014 un "califat" sur les territoires conquis dans ces deux pays et Abou Bakr al-Baghdadi "calife" de tous les musulmans.
Les Etats-Unis offrent 10 millions de dollars pour la capture de Baghdadi qui reste introuvable et invisible, alors même que l'EI a développé un vaste arsenal médiatique en diffusant de multiples photos ou vidéos de ses offensives et exactions.
Baghdadi n'est apparu que sur une seule vidéo, diffusée en juillet 2014 et filmée dans une mosquée de la ville irakienne de Mossoul, conquise au début de l'offensive de l'EI en Irak en juin 2014. Portant barbe grise, turban et abaya sombres, il ordonne à tous les musulmans de lui "obéir".
Né en 1971 à Samarra au nord de Bagdad, Baghdadi n'est plus réapparu à l'image et n'a diffusé que deux enregistrements sonores, après des rumeurs le donnant blessé voire tué dans des raids. Son dernier enregistrement remonte à mai 2015.
- L'armée syrienne gagne du terrain -
L'EI, rival du réseau Al-Qaïda, a profité de la guerre civile en Syrie et de l'instabilité en Irak, prenant pied dans le premier pays en 2013 puis lançant en juin 2014 une offensive fulgurante en Irak.
Accusé de crimes contre l'Humanité, ce groupe a tué des milliers de militaires, combattants et civils, attaqué des minorités, vendu des femmes comme esclaves et revendiqué la décapitation de plusieurs journalistes et humanitaires occidentaux dans des vidéos terrifiantes.
Ces exactions ont surtout eu lieu en Syrie où la guerre qui a éclaté en 2011 est devenue encore plus complexe avec l'intervention militaire russe venue à la rescousse du président syrien Bachar al-Assad, qui avait subi plusieurs revers face aux rebelles ces derniers mois.
Au douzième jour de l'intervention russe, les forces du régime ont gagné du terrain dans la province centrale de Hama et dans celle de Lattaquié (ouest). L'objectif à terme est de reprendre la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Sur le plan diplomatique, la Coalition de l'opposition syrienne en exil a indiqué dimanche qu'elle ne participerait pas aux discussions préliminaires proposées par l'ONU pour préparer une conférence de paix, en raison notamment des frappes aériennes russes.
Moscou a annoncé dimanche avoir bombardé ces dernières 24 heures 63 positions de groupes "terroristes". Le président Vladimir Poutine a répété qu'il n'enverra pas de troupes au sol.
Human Rights Watch (HRW) a de son côté accusé la Russie d'utiliser ou de fournir à l'armée syrienne un nouveau genre de bombes à sous-munitions plus performantes.