Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a rendu publics mardi des mandats d'arrêt contre deux avocats du leader ultra-nationaliste serbe Vojislav Seselj et un proche de ce dernier, les accusant de subornation de témoins.
Les avocats Petar Jojic et Vjerica Radeta, et Jovo Ostojic, "sont accusés d'outrage au tribunal sous le soupçon d'avoir menacé, intimidé, cherché à corrompre ou interféré d'autres manières avec deux témoins", a indiqué le TPIY, basé à La Haye.
Ces mandats d'arrêt ont été émis de manière secrète en janvier dernier mais les autorités de Belgrade ne les ayant pas appliqués depuis, le TPIY a décidé de les rendre publics.
Selon eux, Jojic et Ostojic ont approché de manière illégale un témoin à charge dans le procès Seselj. Ce dernier doit répondre d'accusations de nettoyage ethnique contre des Croates, des Musulmans et d'autres non-Serbes pendant les guerres de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990. Ce premier témoin aurait été poussé à "signer sans la lire une déclaration" corrigée par la défense de Seselj.
L'avocate Radeta aurait approché un autre témoin à charge pour lui dire que les défenseurs de Seselj "l'aideraient" s'il modifiait son témoignage et passait du côté de défense. Celui-ci aurait ensuite reçu 500 euros par mois, réglés par le Parti radical serbe de l'accusé. Tout comme le précédent témoin, il aurait dû mémoriser le contenu de dépositions à faire devant le TPIY.
Seselj s'est vu infliger en 2012 deux ans de prison pour outrage au tribunal.
Le TPIY a insisté mardi pour que les trois suspects de subornation de témoins soient transférés au plus vite à La Haye par la Serbie.
Seselj lui-même a été autorisé à revenir en Serbie l'an dernier pour y être traité contre un cancer, dans l'attente du verdict sur le fond le concernant.
Le ministre serbe chargé de la coopération avec le TPIY, Rasim Ljajic, s'est dit "très surpris" de l'annonce faite mardi à La Haye. "Nous nous attendions à ce que le verdict concernant Seselj soit annoncé cette année, et il paraissait logique que ces personnes soient jugées pour outrage au tribunal au même moment", a-t-il ajouté, cité par l'agence Tanjug.
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