Allemagne: la communauté juive n'a rien contre une parution commentée de "Mein Kampf"

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Le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster, affirme dans un entretien à paraître jeudi qu'il n'a "rien à objecter" à la première parution d'une édition commentée de "Mein Kampf" prévue en janvier.

"Il n'y a rien à objecter si une édition scientifique commentée est mise à disposition pour la recherche et l'enseignement", juge le responsable de la communauté juive dans le quotidien économique Handelsblatt.

"Les connaissances sur +Mein Kampf+ demeurent importantes pour expliquer la Shoah et le national-socialisme (l'idéologie du IIIe Reich, ndlr)", a-t-il ajouté.

Les droits sur le pamphlet antisémite d'Adolf Hitler, rédigé en 1924 alors qu'il croupissait en prison, tombent dans le domaine public dans moins d'un mois, le 1er janvier 2016, ce qui rend possible la publication de cette édition annotée de milliers de commentaires et réalisée par un institut de recherche sur le nazisme.

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la Bavière, qui détient les droits jusqu'ici, s'oppose à la réédition de "Mein Kampf" même si le livre n'est pas interdit en tant que tel. Des éditions originales peuvent ainsi se trouver chez certains antiquaires.

Après le 1er janvier 2016, les autorités allemandes veulent toutefois poursuivre en justice ceux qui chercheraient à éditer le brûlot tel quel, pour notamment "incitation à la haine raciale". Elles veulent empêcher que des groupuscules d'extrême-droite s'emparent de l'ouvrage.

M. Schuster a souligné que le risque était "très grand que cet ouvrage minable se retrouve davantage sur le marché" quand les droits seront tombés dans le domaine public. "De toute façon il est malheureusement déjà possible de se le procurer sur internet ou à l'étranger", a regretté le dirigeant.

La sortie de l'édition commentée, qui suscite déjà moult réactions, est prévue pour la première quinzaine de janvier. En deux volumes, l'ouvrage comprendra près de 2.000 pages et des milliers d'annotations et de commentaires d'historiens de l'Institut d'histoire contemporaine (IFZ) de Munich (sud).