Elucider des centaines de meurtres ou disparitions de femmes autochtones, développer l'éducation ou améliorer la santé des populations amérindiennes, inuits ou métis, tels sont les objectifs fixés mardi par le Premier ministre Justin Trudeau pour réduire les inégalités au Canada.
"J'ai donné instruction à la ministre des Affaires autochtones" Carolyn Bennett d'ouvrir "une enquête publique sur les femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada", a déclaré Justin Trudeau devant les chefs de l'Assemblée des Premières nations.
Toujours refusée par le dernier gouvernement conservateur, Justin Trudeau honore non seulement une promesse électorale mais insiste sur le symbole de cette priorité pour son gouvernement où pour la première fois, la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, est une Amérindienne.
La police a régulièrement été accusée de ne pas enquêter avec le même soin ou la même célérité sur des disparitions ou meurtres de femmes autochtones. Ce sont au total près de 1.200 cas répertoriés sur les 30 dernières années, soit trois à quatre fois plus en proportion que dans le reste de la population canadienne.
"Les victimes méritent la justice" et "tous ceux touchés par cette tragédie nationale ont attendu assez longtemps", a déclaré M. Trudeau, ovationné par les chefs des Premières nations réunis à Ottawa.
Au-delà de cette enquête publique, le gouvernement libéral veut également donner à ces populations les mêmes droits que tous les Canadiens. A ce titre, a clamé M. Trudeau, "les droits garantis par la Constitution des Premières nations au Canada ne sont pas un inconvénient, mais une obligation sacrée".
Pour cela, le gouvernement propose un contrat de partenariat pour "faire des progrès significatifs et immédiats" pour les inégalités les plus criantes. Et le Premier ministre de citer "l'éducation, le logement, l'emploi, les soins de santé, la sécurité, l'aide sociale à l'enfance" sans oublier l'environnement avec la qualité des eaux et de l'air.
- 'Nous avons été entendus' -
Dans une centaine des 600 réserves amérindiennes du pays, les populations doivent souvent se fournir en eau en bouteilles en raison d'une eau impropre à la consommation.
"Je vous promets que je serai votre partenaire dans les années à venir", a lancé M. Trudeau aux Amérindiens.
"C'est la première fois depuis tant et tant d'années que nous avons avec nous ici un Premier ministre", a souligné Perry Bellegarde, chef des Premières nations.
"Nous avons été entendus, et je pense compris comme jamais auparavant", a-t-il ajouté en indiquant que bon nombre de problèmes pouvaient être résolus "en travaillant ensemble".
Ce responsable qui avait encouragé au début de l'automne ses populations à se rendre aux urnes, généralement absentes lors des consultations électorales, a salué le renouveau "d'un véritable esprit de coopération et de réconciliation (...) entre autochtones et non autochtones".
Si l'objectif d'une réconciliation et d'un nouveau pacte social est jugé "ambitieux" par Justin Trudeau, il n'est pas impossible grâce à la décision de mettre en oeuvre les mesures préconisées par la Commission de vérité et réconciliation (CVR) dans ses conclusions à la fin du printemps.
M. Trudeau s'y était engagé dans la foulée des vives critiques cet été du Comité des droits de l'homme de l'ONU qui avait enjoint l'Etat canadien, en concertation avec les populations amérindiennes, de renforcer les politiques pour leur "fournir les besoins essentiels (...) les services de soins aux familles et aux enfants".
Mardi, le Premier ministre a aussi promis de ratifier la déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Le Canada, comme trois autres pays (Australie, Nouvelle-Zélande et Etats-Unis), avait voté contre ce texte lors de son adoption en 2007 par l'Assemblée générale des Nations unies, alors que les Amérindiens, Inuits et Métis représentent 4,3% de sa population (1,4 million de personnes).