"Je suis Climat": rassemblements à Paris pour écrire "la suite" de la COP21

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Fresque humaine, "ligne rouge" et minute de silence, des milliers de militants écologistes ont marqué à leur manière samedi la fin des négociations contre le réchauffement à Paris, appelant les citoyens à continuer à se mobiliser au quotidien pour la "justice climatique".

Une grande fresque humaine a d'abord été réalisée par des activistes déployés dans les rues de de la capitale. Ils ont ainsi inscrit, grâce à un système de géolocalisation via leur téléphone portable, les mots Climate, Justice et Peace en petits points verts sur une carte interactive de Paris (www.climatejusticepeace.org).

Puis, à côté de l'Arc de Triomphe, une longue banderole de tissu rouge a été déployée tout le long de l'avenue de la Grande Armée où 3.500 manifestants, selon la police, se sont rassemblés dans une ambiance festive.

Cette banderole tenue à bout de bras est censée figurer une "ligne rouge" à ne pas franchir à la conférence sur le climat (COP21), qui s'achève samedi près de Paris sur un projet d'accord confirmant l'objectif "de contenir l'augmentation de la température moyenne bien en-deçà de 2°".

Point commun à ce rassemblement cosmopolite et polyglotte: le rouge. Vestes rouges, bonnets et écharpes rouges, fleurs rouges... A l'instar de ce militant tout de rouge vêtu qui sous un grand parapluie, rouge bien sûr, tient devant lui une feuille de papier détournant le fameux slogan "Je suis Charlie", né après les attentats de janvier, en "Je suis Climat".

A midi pile, une minute de silence en "hommage aux victimes du réchauffement climatique". Puis des cornes de brume retentissent et une clameur jaillit de la foule.

Fanfares, concert improvisé de flûte péruvienne, déguisements (Père Noël, ours polaires, etc.), séances de yoga sur la chaussée... Le tout sous l'oeil des gendarmes mobiles déployés en nombre aux différents points d'accès de l'avenue, où les sacs sont fouillés.

- La police "vigilante" -

Alors que près de 15.000 personnes étaient attendues dans la capitale où "l'état de la menace est très sensible" un mois après les attentats du 13 novembre, 2.000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés, a précisé le préfet de police de Paris. "Nous serons extrêmement vigilants sur toute dérive et nous seront amenés à interpeller" en cas de débordements ou de désordre, a-t-il prévenu.

Tandis que sur le site de la COP21, l'adoption définitive de l'accord est espérée pour le courant de l'après-midi, dans la rue les militants écologistes tentent de faire entendre leur voix.

Au pied de la Tour Eiffel, sur le Champ-de-Mars au-dessus duquel tournoie un hélicoptère, un rassemblement doit être le point d'orgue de la mobilisation. Quelques centaines de personnes font une chaîne humaine en scandant "état d'urgence climatique" en réponse à l'état d'urgence décrété après les attentats et qui a sérieusement limité les manifestations écologistes.

"Et un, et deux, et trois degrés, c'est un crime contre l'humanité", "changeons le système, pas le climat", reprennent en choeur les manifestants.

"L'important, ce n'est pas ce qui se passe au Bourget", où se tient la COP21 au nord de Paris, "c'est à nous les citoyens de changer de comportement, de consommer moins", estime Jean-Marie, 69 ans.

En chasuble jaune, Virginie, 59 ans, est sur la même ligne: "On ne changera pas le monde si l'homme ne se change pas lui-même". "La COP21, c'était une belle idée, mais ce grand barnum a accouché d'une souris verte: tant qu'on ne renoncera pas à l'exploitation des énergies fossiles, on n'en sortira pas."

A Toulouse, près de 500 personnes, dont certaines portaient aussi du rouge, ont formé une "chaîne humaine". "C'était déjà urgent il y a 21 ans", lors de la première COP, pouvait-on lire sur une pancarte.

"La société civile reste vigilante. Ce n'est pas parce que la COP est finie, que les diplomates rentrent chez eux, qu'on va arrêter de se mobiliser", assure Lucie Calvet, de CCFD-Terre Solidaire. "Les pétroliers ont des lobbies très puissants, nous, on n'a que la rue. Alors on prend la rue", renchérit Geneviève, 64 ans, venue manifester en famille.

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