Le Chili a créé mercredi un Secrétariat d'Etat aux Droits de l'homme afin notamment d'encourager les enquêtes et les sanctions pour les crimes commis pendant la dictature d'Augusto Pinochet (1973-90).
"L'avenir du pays se bâtira grâce à la justice", a déclaré la présidente Michelle Bachelet à l'occasion de l'inauguration de cette nouvelle institution qui relèvera du ministère de la Justice.
La principale activité du Secrétariat consistera à "encourager les enquêtes et les sanctions concernant les crimes contre l'humanité" commis principalement pendant les 17 ans du régime d'Augusto Pinochet, au cours duquel plus de 3.200 personnes sont mortes ou ont été portées disparues.
Le nouvel organisme devra également oeuvrer à la conservation des sites de mémoire et définir des politiques publiques mettant en avant les Droits de l'homme dans toutes les institutions de l'Etat chilien, armée incluse.
Dans un rapport présenté lundi, l'Institut national des droits de l'Homme (INDH) estime que le Chili fait face à des "défis permanents" dans l'accès de ses citoyens à la justice pour faire condamner les crimes de la dictature, 25 ans après le retour de la démocratie.
L'INDH déplore en particulier à cet égard le fait que les documents et les témoignages des victimes devant la commission chargée de la réparation de ces crimes, mise en place en 2003, doivent rester secrets pendant 50 ans.
L'INDH a également souhaité que les privilèges dont bénéficient encore les ex-militaires condamnés pour des crimes contre l'humanité (conservation de leurs grades, des pensions de retraite et de l'accès au système de santé) soient supprimés.
En 25 ans de démocratie, 1.373 anciens agents de la dictature ont été accusés et condamnés par la justice, selon les chiffres officiels.
Sur ce total, 117 ex-militaires purgent des peines de prison ferme, dont la grande majorité dans la prison spéciale de Punta Peuco, située dans la banlieue de Santiago, dans de meilleures conditions que le reste des prisonniers chiliens.