Les violences entre Israéliens et Palestiniens ont franchi un nouveau palier mardi, avec la mort de trois Israéliens dans deux attentats à Jérusalem pour la première fois depuis le début de l'escalade que personne ne semble pouvoir arrêter.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti en fin d'après-midi qu'Israël utiliserait "tous les moyens" disponibles face aux violences.
S'exprimant devant le Parlement, il a aussi prévenu le président palestinien Mahmoud Abbas qu'Israël le tiendrait pour responsable en cas de nouvelle détérioration de la situation.
Dans la matinée, deux Palestiniens ont ouvert le feu dans un bus de Jérusalem, faisant deux morts dans un attentat qui ne devrait pas manquer, dans une ville déjà à cran, de ranimer le souvenir des Intifadas de 1987 et de 2000, lorsque les transports publics étaient une cible privilégiée.
La tension demeurait vive en Cisjordanie occupée où les Palestiniens étaient appelés à "un jour de colère" et où de nouveaux affrontements ont opposé des centaines de jeunes lanceurs de pierres et les soldats israéliens à Bet El, près de Ramallah, à Qalandiya et à Bethléem. Un Palestinien a été tué dans des heurts, selon des sources médicales.
Dans la bande de Gaza, un millier de jeunes ont lancé des pierres et des engins incendiaires contre le point de passage d'Erez, sorte de forteresse israélienne dans la barrière de sécurité qui enferme Gaza. Neuf jeunes Palestiniens y avaient été tués par des tirs israéliens vendredi et samedi lors de heurts similaires.
Au moins 15 Palestiniens ont de nouveau été blessés mardi par des tirs israéliens, selon les secours palestiniens.
- 'Pas de recette miracle' -
Les autorités israéliennes et palestiniennes ont été impuissantes à stopper un mouvement de jeunes qui semble échapper à tout contrôle. Cette jeunesse, née avec pour seul horizon le mur de séparation qui enferme la Cisjordanie, en butte aux vexations de l'occupation et de la colonisation, laisse exploser une hargne nourrie par les réseaux sociaux.
"Il n'y a pas de recette miracle. Lors des deux précédentes intifadas, cela nous a pris des jours, des semaines et même des années pour y parvenir. J'espère que cette fois-ci cela ira plus vite", a confessé le ministre israélien de l'Energie Youval Steinitz, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
De son côté, la direction palestinienne s'est contentée d'annoncer qu'elle allait saisir la justice internationale des conditions dans lesquelles les forces israéliennes ont abattu des auteurs d'attentats présumés, parlant d'"exécutions extrajudiciaires".
Deux des trois Palestiniens auteurs des attentats de mardi ont été tué, un autre a été blessé par balles, a indiqué la police.
Deux Palestiniens, l'un armé d'un pistolet, l'autre de deux couteaux, ont répandu l'effroi sur la ligne de bus 78 dans le quartier juif d'Armon Hanatziv à Jérusalem-Est, a indiqué M. Rosenfeld qui a fait état de deux morts dont un homme de 60 ans. Trois autres passagers ont également été blessés, selon les secours.
- 'Une trentaine de coups de feu' -
Quelques minutes plus tard, un Palestinien a foncé avec sa voiture sur des piétons à un arrêt de bus dans un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem-Ouest, tuant une personne et blessant légèrement une autre.
Des vidéos des caméras de surveillance largement diffusées sur internet montrent ensuite le conducteur sortir de sa voiture, s'acharner sur au moins une personne avec une très longue lame. Puis des agents de sécurité lui tirent dessus. Il a succombé plus tard à ses blessures, a dit la police.
Au total, dix personnes ont été blessées dans les deux attentats, selon les secours.
L'organisation islamiste Hamas, qu'une guerre a opposée avec Israël dans la bande de Gaza en 2014, a salué des "opérations héroïques" et y voit la preuve que "l'intifada s'intensifie", a indiqué le porte-parole Sami Abou Zouhri à l'AFP.
Plus tôt dans la matinée, un Palestinien avait fait quatre blessés, dont un grave, à Raanana, au nord de Tel-Aviv, dans une attaque à l'arme blanche dont l'auteur a été maîtrisé, selon la police.
Les violences, qui secouent la Cisjordanie et Jérusalem depuis des mois et qui se sont amplifiées avec l'assassinat de deux colons le 1er octobre en Cisjordanie, ont fait sept morts côté israélien et près d'une trentaine côté palestinien, dont plusieurs auteurs d'attentat.
L'agitation a gagné la communauté des Arabes israéliens (17,5% de la population), ces descendants des Palestiniens restés sur le territoire israélien après 1948 qui sont citoyens israéliens et largement solidaires des Palestiniens des Territoires. Ils étaient appelés mardi à une grève générale dans un climat de suspicion croissante entre les différentes communautés.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé à Ryad à ce que des "gestes soient faits afin de réduire la tension".