La dégradation de la situation au Burundi a une nouvelle fois dominé la semaine. L’ONU, l’Union Africaine, de nombreux pays et ONG ont tous fait part de leurs craintes : une guerre civile menace ce petit pays d’Afrique ou a même commencé. Les affrontements et régléments de compte du week-end dernier ont fait des dizaines et des dizaines de morts, une partie de l’opposition a pris les armes et le pouvoir du Président Pierre Nkurunziza a eu recours à des éxécutions sommaires. De politique, le conflit pourrait devenir ethnique et l’ancien président burundais Pierre Buyoya a mis en garde contre "un risque de génocide" au Burundi et dénoncé la volonté des dirigeants actuels du pays d'ethniciser la crise.
"Il y a risque de génocide bien sûr. Je me demande d'ailleurs s'il n'y a pas déjà des éléments de génocide quand on voit le niveau atteint par les violences aujourd'hui", a déclaré M. Buyoya. Interrogé sur une volonté d'ethniciser la crise de la part du régime, M. Buyoya a répondu: "c'est clair!". Les spécialistes de la région des Grands lacs africains tirent également la sonnette d’alarme. Parmi eux, le juriste et politologue belge Filip Reyntjens qui n’hésite à qualifier de crimes contre l’humanité les dernières tueries de civils à Bujumbura. « des civils, des jeunes qui n’étaient pas impliqués à première vue dans les attaques contre les camps militaires, ont été appréhendés et un certain nombre d’entre eux abattus à bout portant. Cela s’appelle des exécutions arbitraires. Si cela se fait dans l’impunité totale, les auteurs de ces crimes vont en commettre d’autres et peut-être à une plus grande échelle », explique l’universitaire, dans un entretien avec JusticeInfo.
L’Union Africaine se dit prête à envoyer une force d’interposition au Burundi mais le Président s’est déjà dit opposé à toute intervention extérieure. Rappelons que c’est la volonté du Président, au pouvoir depuis 2005, de briguer un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par la société civile, l'opposition, l'Eglise catholique et une partie même de son camp qui a amené cette crise. Rien pour le moment ne saurait arrêter la guerre civile annoncée.
Au Rwanda voisin, le Président Kagamé chef de l’Etat depuis 1994 a fait voter un référendum (98.4% de oui) lui permettant de briguer un troisième mandat. Les Etats-Unis, plusieurs ONG se sont élevées contre ce tour de passe-passe démocratique qui peut permettre au Président de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Plus positif, la Tunisie qui poursuit son printemps a commémoré le 5 éme anniversaire de la mort par immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid. Notre correspondante est retournée à Sidi Bouzid où la révolution semble s’être arrêtée malgrè les efforts d’une société civile courageuse et active.
Enfin, la première phase du procès du président tchadien déchu Hissène Habré, jugé à Dakar par un tribunal spécial africain pour "crimes contre l'humanité et crimes de guerre", s'est achevée cette semaine, avant les plaidoiries et le verdict en 2016. Et la Cour Pénale Internationale a déménagé dans ses nouveaux locaux permanents, censés symboliser la transparence et la pérennité de la justice transitionnelle internationale.