Russie: perquisitions chez des partisans du critique du Kremlin Khodorkovski

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La police russe a perquisitionné mardi les appartements de plusieurs employés du mouvement Open Russia (Russie ouverte), fondé par le critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski pour rassembler les forces d'opposition dans le pays, a annoncé ce mouvement.

Les autorités russes ont confirmé la tenue de perquisitions, liées selon elles à la procédure de compensation du démantèlement du groupe pétrolier Ioukos que dirigeait M. Khodorkovksi, et qui a conduit ces derniers mois à la saisie d'actifs de l'Etat russe à l'étranger.

Menées dans les appartements de plusieurs employés d'Open Russia et de la porte-parole de Mikhaïl Khodorkovski, Olga Pispanen, ces perquisitions sont liées à l'enquête pour escroquerie et évasion fiscale, ouverte contre l'ancien homme le plus riche de Russie en 2003, a indiqué Open Russia dans un communiqué.

Les domiciles d'au moins sept partisans de M. Khodorkovski ont été perquisitionnés, selon un défenseur russe des droits de l'Homme, Pavel Tchikov. Les faits auxquels font référence les enquêteurs sont "au-delà du délai de prescription", a-t-il estimé dans un message publié sur Twitter.

M. Khodorkovski a dénoncé ces perquisitions, "stade final du délire" des autorités, dans une interview à la radio Echo de Moscou.

"C'est assez amusant compte tenu du fait qu'aucun des employés ou militants d'Open Russia n'a travaillé pour Ioukos", a-t-il déclaré, en soulignant que la plupart d'entre eux étaient des enfants à l'époque.

C'est le cas de Mikhaïl Roskine, 24 ans, employé d'Open Russia à Saint-Pétersbourg, dont des proches ont été perquisitionnés. En 2003, "j'avais 12 ans. Et je pensais alors à tout sauf à Khodorkovski et à la politique", a-t-il indiqué à l'AFP.

Le Comité d'enquête russe a indiqué vérifier des informations concernant "le blanchiment en Russie de l'argent tiré de la vente" des actions du groupe Ioukos au début des années 2000. Il a précisé avoir perquisitionné "le domicile et les bureaux des entrepreneurs particuliers et d'autres personnes dont les activités sont financées de l'étranger" par des organisations qui pourraient être contrôlées actuellement par M. Khodorkovski.

"En raison des procès devant la justice internationale (...) visant à forcer la Russie à payer plus de 50 milliards de dollars" aux anciens actionnaires de Ioukos, "les enquêteurs vérifient également si les actions de Ioukos ont été acquises de manière légitime", a indiqué cet organisme chargé des principales investigations, dans un communiqué.

En 2014, la Cour d'arbitrage de La Haye a estimé que l'État russe avait orchestré le démantèlement de ce groupe pétrolier pour des raisons politiques. En application de cette condamnation que Moscou rejette, des biens de l'Etat russe ont été depuis saisis à l'étranger et notamment en France, par les anciens actionnaires majoritaires de Ioukos.

La semaine dernière, la cour d'appel de Paris a refusé de suspendre ces saisies de biens qui touchent par exemple les sociétés Arianespace, Eutelsat ou encore la compagnie Air France.

Interrogé sur d'éventuelles mesures de rétorsion russes, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que "des mesures juridiques visant à protéger les intérêts de la Fédération de Russie" étaient entreprises.

Le 11 décembre, la justice russe avait par ailleurs annoncé son intention d'inculper de meurtre Mikhaïl Khodorkovski et de lancer un avis de recherche international à son encontre, dans le cadre d'une affaire remontant à 1998.

L'ancien homme le plus riche de Russie, qui réside actuellement à Londres, avait d'ores et déjà qualifié cette affaire qui porte sur l'assassinat d'un maire en Sibérie de "politiquement motivée".

Mikhaïl Khodorkovski a passé près de dix ans en prison après son arrestation en 2003 et sa condamnation pour "vol par escroquerie à grande échelle" et "évasion fiscale", avant d'être gracié en 2013 par Vladimir Poutine.

Après avoir affirmé ne pas souhaiter se mêler de politique, M. Khodorkovski a créé Open Russia, mouvement destiné à rassembler les maigres forces pro-européennes en Russie.

Début décembre, l'ancien oligarque a appelé à une "révolution" en Russie, dénonçant un "coup d'État" du président russe dont il juge le pouvoir "illégitime".

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