Des soldats britanniques ayant combattu lors de la guerre en Irak pourraient être poursuivis pour homicide, a déclaré samedi Mark Warwick, patron de l'organe chargé d'enquêter sur ces allégations, l'Iraq Historic Allegations Team (IHAT).
"Nous enquêtons sur des allégations graves dans le cadre de l'IHAT, dont des allégations d'homicide, pour lesquelles je pense qu'il y a des preuves significatives à soumettre à l'autorité en charge de poursuivre et d'inculper" des militaires (SPA), a indiqué M. Warwick dans une interview au quotidien The Independent.
"Nous devrons discuter avec la SPA pour voir si (ces cas) peuvent être qualifiés de crimes de guerre", a ajouté cet ancien inspecteur de police.
Selon le dernier rapport trimestriel de l'IHAT publié en novembre, cet organe gère des affaires concernant 1.514 victimes (dont 280 victimes d'homicide illégal), soit dix fois plus que lorsqu'il a été lancé en 2010.
L'un des cas les plus emblématiques est celui de Baha Moussa, réceptionniste d'hôtel décédé en 2003 à Bassorah (sud de l'Irak) après avoir subi "une série épouvantable de violences gratuites sérieuses" par des membres du Premier Bataillon du Queen's Lancashire Regiment (1QLR), selon une enquête publique britannique publiée en 2011.
Les travaux de l'IHAT auraient dû terminer en 2016 mais le nombre de cas fait que cela pourrait prendre jusqu'en 2019, année où les financements accordés à cet organe expirent.
"Au cours des 12 à 18 prochains mois, nous allons passer en revue toute la charge de travail (...) afin de voir si 2019 est réaliste", a indiqué M. Warwick.
"Le rythme incroyablement lent avec lequel l'IHAT enquête sur des allégations de crimes commis par des soldats britanniques contre des civils irakiens est tout à fait inacceptable", a regretté auprès de The Independent Carla Ferstman, directrice de l'organisation de défense des droits de l'Homme Redress.
Environ 120.000 soldats britanniques ont servi en Irak pendant le conflit. Les troupes de combat se sont retirées en juillet 2009, et l'armée britannique en mai 2011, après huit ans de présence dans le pays.