Les résultats nationaux du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche en Guinée ne devraient pas être connus avant la fin de la semaine au plus tôt, a déclaré mercredi la commission électorale qui a annoncé une forte participation de quelque 75%.
Le porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a ajouté que de tout premiers résultats partiels devraient être publiés dans la soirée de mercredi.
"Nous allons commencer a donner les résultats partiels certainement a partir de ce soir", a dit Amadou Salif Kébé à l'AFP.
A la mi-journée la commission avait reçu les procès-verbaux de deux des cinq communes de la capitale, Conakry, d'une préfecture sur 33, ainsi que 11 des 18 ambassades du pays. Les résultats de plusieurs autres préfectures étaient en cours d'acheminement.
"Nous espérons que toutes les circonscriptions auront fini et que nous auront envoyé les résultats a partir de vendredi après-midi où nous allons faire les totaux provisoires", a ajouté M. .
Légalement, la Céni dispose pour annoncer les résultats de 72 heures après réception du dernier procès-verbal en provenance des quelque 14.000 bureaux de vote, répartis dans ce pays d'Afrique de l'Ouest grand comme le Royaume-Uni.
"La journée du 11 octobre 2015 a été fondamentalement caractérisée par la sérénité, le calme et un engouement exceptionnel", a par ailleurs rapporté la Céni dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi.
"Selon les premières informations (...) le taux de participation à cette élection est d'environ 75%, ce qui prouve à suffisance tout l'intérêt que les électeurs, les citoyens, bref, tout le peuple de Guinée, accorde à cette élection", ajoute la Céni.
La Commission a essuyé des critiques extrêmement sévères des différentes missions d'observation du scrutin, en raison de la série de problèmes de logistique et d'organisation observés le jour du vote, qui ont entraîné d'importants retards.
Le chef de la mission d'observation de l'Union européenne, Frank Engel, avait salué mardi "un scrutin exemplaire" au regard de l'absence de violences et de la forte participation le jour du vote mais il a fustigé "l'impréparation", voire "la désorganisation totale", de la Céni.
- La CPI inquiète -
Il a notamment jugé "extraordinaire" que la commission ait à plusieurs reprises dimanche pris des décisions modifiant les règles du scrutin, "d'autant plus que certaines sont en contradiction avec le Code électoral. Une Céni préparée à l'élection ne doit pas prendre des décisions pendant le vote".
Dénonçant une "mascarade électorale", les sept candidats affrontant le président sortant Alpha Condé ont réclamé l'annulation du premier tour.
Le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo a promis lundi de mobiliser ses partisans dans la rue faute, selon lui, d'institutions indépendantes pour se faire entendre.
Alarmée, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, a dit suivre "avec attention l'évolution de la situation en Guinée, notamment quant au risque de violence susceptible d'entraîner la commission de crimes relevant de la compétence" de cette juridiction.
Dans un communiqué publié mercredi à La Haye et envoyé à l'AFP à Dakar, elle prévient que "toute personne qui commet, ordonne, incite, encourage ou contribue de toute autre manière à la commission de crimes atroces relevant de la compétence de la CPI est passible de poursuites".
De son côté, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, a appelé "les acteurs politiques et sociaux à privilégier le dialogue", dans un communiqué publié le même jour.
Le ministre guinéen des Affaires étrangères, François Louceny Fall, a reconnu que des "insuffisances" dans l'organisation du scrutin qui "ont frappé tous les candidats de façon indistincte", dans un discours mercredi au personnel diplomatique à Conakry.
"Malheureusement nous assistons avec inquiétude à des manifestations et à des déclarations qui à notre avis peuvent mettre en péril la paix sociale", a t-il ajouté.
Le ministre de la Justice Cheick Sako avait mis en garde mardi contre "tout appel à la violence" et invité les contestataires à porter leurs griefs devant la Cour constitutionnelle.