Dernière semaine de l’année pour la justice transitionnelle marquée par les élections présidentielles en République Centrafricaine, nouvelle étape de la longue transition que connait ce pays victime de violences communautaires depuis bientôt 3 ans. La communauté internationale qui était intervenue début 2014 dans ce pays avait insisté pour que se tienne une longue séquence électorale, constitutionnelle, présidentielle et législative. Plusieurs fois reportés, les scrutins ont finalement eu lieu dans un calme relatif malgré les difficultés logistiques d’organiser des élections dans un pays sans Etat et aux infrastructures défaillantes. Les résultats ne sont toujours pas connus notamment en dehors de Bangui où la participation aurait dépassé les 70%. Un probable second tour est prévu le 31 janvier.
Ces scrutins sont une condition certes nécessaire pour instaurer une véritable retour au calme et à la normale dans le pays mais tout reste à bâtir et les Centrafricains redoutent que la communauté internationale se détournent de leur nation une fois cette étape passée. Cette même semaine, au Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui a prêté serment comme neuvième président du pays, mettant ainsi fin au régime de transition qui a suivi la chute en octobre 2014 de l'ex-président Blaise Compaoré, devra aussi montrer que la transition est à l’oeuvre.
L'ombre du président déchu, exilé en Côte d'Ivoire, planera sur le mandat du nouveau président longtemps cacique de l’ancien régime. La manière dont Kaboré laissera la justice se faire sera emblématique de sa volonté d’instaurer un Etat de droit au Burkina Faso.
La justice militaire a ainsi lancé un mandat d'arrêt international contre Blaise Compaoré, pour son implication présumée dans la mort de l'ancien chef d'Etat Thomas Sankara, tué en 1987 lors du coup d'Etat qui porta au pouvoir son ancien compagnon d’armes. Un autre dossier sensible concerne l’assassinat du journaliste et opposant à Compaoré Norbert Zongo.
La justice militaire est enfin chargée de l'enquête sur le coup d'Etat manqué perpétré le 17 septembre par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne du président Compaoré qui s’était soldé par la mort de dizaines de manifestants. Le Burkina Faso de Kaboré saura-t-il comme le Tchad avec Hissene Habré trouver un moyen de juger son ancien dictateur ?
Le Rwanda de son côté continue de juger les anciens génocidaires. Un tribunal rwandais a ainsi condamné Jean Uwinkindi un ancien pasteur pentecôtiste à une peine de prison à perpétuité, après l'avoir reconnu coupable d'avoir ordonné le massacre de personnes réfugiées dans son église lors du génocide de 1994. Le pasteur aujourd’hui âgé de 64 ans, a été condamné pour "génocide" et "crimes contre l'humanité". En Allemagne, un ancien maire rwandais a été condamné par un tribunal allemand à la réclusion à perpétuité pour son rôle actif dans le génocide des Tutsis au Rwanda en avril 1994.
Cet ancien maire de Muvumba, dans le nord-est du Rwanda, comparaissait pour son rôle dans le massacre le 11 mai 1994 de plus de 400 Tutsis réfugiés dans une église de Kiziguro, à environ 80 kilomètres au sud de Muvumba.
Au terme de trois ans de procès, Rwabukombe avait été condamné une première fois en février 2014 à Francfort à 14 ans de prison pour "complicité" dans ces massacres, devenant le premier responsable rwandais condamné en Allemagne. Sa peine a été alourdie en appel.
Sur un autre continent, une ONG syrienne l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que les frappes aériennes menées par la Russie en Syrie ont fait 2.371 morts, dont près d'un tiers de civils, depuis le début de l'intervention militaire de Moscou il y a trois mois. Ces affirmations confirment un rapport d’Amnesty International qui avait avancé des accusations similaires, estimant que des raids menés contre des zones d'habitation pouvaient "constituer des crimes de guerre".