OPINION

Semaine de la justice transitionnelle : le Guatemala montre l'exemple

Semaine de la justice transitionnelle : le Guatemala montre l'exemple©Guatemalan former army commander and brother of deceased former President Fernando Romeo Lucas Garcia, Benedicto Lucas Garcia, arrives for a court hearing in Guatemala City on January 6, 2016. Prosecutors arrested Lucas Garcia in connection with killings
Guatemalan former armL"'ancien chef d'état-major de l'armée du Guatemala et frère de l'ancien Président Fernando Romeo Lucas Garcia, Benedicto Lucas Garcia, arrive au tribunal le 6 janvier
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 En cette semaine encore calme pour la justice transitionnelle, l’exemple vient du Guatemala. Le petit pays d’Amérique centrale déchiré par une sanglante guerre civile de près de 40 ans (1960-1996) qui a fait des centaines de milliers de morts a arrêté 18 militaires de hauts rang à la retraite, accusés d'avoir participé à des massacres d’indigènes. Entre 2012 et 2015, 558 squelettes d'enfants et d'adultes d’Indiens ont été retrouvés dans un ancien camp militaire. Ces arrestations précèdent de quelques jours l'ouverture du procès pour génocide de l'ex-dictateur Efrain Ríos Montt, poursuivi pour le massacre de plus de 1.770 indiens par les forces armées sous son régime (1982-1983). En septembre 2015, les Guatémaltèques avaient contraint à la démission leur président Otto Pérez Molina après un très lourd scandale de corruption.

Autre changement d’ère pour la justice dans les pays déchirés par des guerres intérieures, le Sri Lanka où le Président Maithripala Sirisena lance une réforme constitutionnelle d’envergure pour éviter une répétition d’un conflit ethnique qui a fait plus de 100 000 morts. Sirisena élu l’an dernier entend instaurer un système fédéral qui donnera une plus grande autonomie à la minorité tamoule et remplacer le système présidentiel par une démocratie parlementaire. Les tamouls s’estimant discriminés avaient pris les armes en 1972 et s’était suivie une sanglante guerre civile qui avait pris fin après l’écrasement des tamouls. L’ONU plaide pour l’instauration d’une Commission Justice et Vérité et des tribunaux avec participation internationale pour faire la vérité sur ce conflit marqué par des accusations de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le nouveau Président a promis de créer des instruments de justice transitionnelle mais s’oppose à une intervention internationale critiquée par les durs de la majorité sinhalaise.

En Côte d’Ivoire, la réconciliation aussi promise apparait toujours lointaine. Le président récemment réélu Alassane Ouattara a annoncé avoir accordé des grâces à 3.100 détenus dans son traditionnel discours à la nation à la veille du Nouvel An.

Cette mesure concerne essentiellement des prisonniers droit commun même si une poignée de personnes détenues dans la cadre de la crise post-électorale ivoirienne pourraient en bénéficier. Pendant la campagne, l'opposition, qui a sans cesse réclamé la libération des prisonniers politiques, a reproché à Ouattara de ne pas avoir réconcilié le pays et de mettre en oeuvre une "justice des vainqueurs", qui ne s'intéresse qu'aux auteurs d'exactions du camp de l'ancien président Laurent Gbagbo mais pas à ceux de son propre camp. Laurent Gbagbo est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé en janvier par la CPI pour des "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.

Née de son refus de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences.

Preuve enfin que la région des Grands Lacs reste le chaudron de guerres oubliées,

dix-sept personnes dont une femme enceinte ont massacrées à Miriki, localité du Nord-Kivu (RDC), à environ 110 km au nord de Goma, la capitale de cette province déchirée depuis plus de vingt ans par des conflits armés alimentés par les pays voisins et les différends ethniques et fonciers.

L'attaque semblait avoir ciblé les membres de l'ethnie Nande à laquelle appartenaient les victimes. Le massacré est attribué aux rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) l’un des groupes responsables du génocide rwandais.