La RDC veut poursuivre Germain Katanga, condamné par la CPI

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Kinshasa a annoncé lundi des poursuites contre l'ancien chef de guerre Germain Katanga, condamné par la Cour pénale internationale (CPI), donnant un nouvel exemple des efforts des autorités congolaises pour lutter contre l'impunité en République démocratique du Congo.

Condamné par la CPI pour son rôle dans un massacre commis en 2003 en Ituri (est de la RDC), M. Katanga a été transféré à Kinshasa en décembre. Il aurait dû être la première personne condamnée par la CPI à sortir de prison après avoir purgé sa peine.

"Il ne sera pas libéré", a déclaré à l'AFP le ministre de la Justice congolais, Alexis Thambwe Mwamba.

M. Katanga "a été poursuivi auprès de la CPI pour des crimes bien précis, mais il reste impliqué dans d'autres dossiers tout aussi graves", a expliqué le ministre, précisant que "deux procédures (étaient) en cours contre lui", dont une relative à "l'assassinat de neuf Casques bleus" en Ituri en 2005.

M. Katanga "aura un procès tout à fait juste", a assuré le Garde des Sceaux, "il peut recourir à tous les avocats qu'il veut".

Surnommé Simba ("Lion" en swahili) pour sa férocité lorsqu'il était à la tête de sa milice des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), M. Katanga, 37 ans, a été condamné par la CPI en 2014 à 12 ans de prison pour sa complicité dans l'attaque d'un village ayant fait environ 200 morts en 2003.

La RDC a été dévastée par deux guerres entre 1996 et 2003 et sa partie orientale reste ravagée par des conflits armés alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières et des rivalités entre puissances régionales.

D'innombrables atrocités ont été commises durant toutes ces années par toutes les parties en conflit, dont la quasi-totalité reste impunie.

- 'Message clair' -

Depuis 2014, les autorités congolaises ont néanmoins pris un certain nombre de mesures pour tenter de mettre fin à l'impunité régulièrement dénoncée par les Nations unies et les défenseurs des droits de l'Homme. Plusieurs officiers supérieurs ou généraux ou anciens chefs rebelles ont ainsi été condamnés par la justice congolaise pour divers crimes de guerre.

Région riche en or, l'Ituri a été le théâtre d'affrontements particulièrement sanglants entre milices constituées sur une base essentiellement ethnique entre 1999 et 2007. Jusqu'à 60.000 personnes seraient mortes dans ces violences.

"Pour nous c'est un soulagement que Germain Katanga soit poursuivi pour les autres faits mis à sa charge. Les autorités ont donc compris qu'il faut mettre fin à l'impunité", a déclaré à l'AFP Junior Safari, président de l'Association congolaise pour le respect des droits humains, ONG basée en Ituri, tout en regrettant "l'absence d'indemnisation ou de réparation pour tous les crimes commis" dans cette région.

M. Katanga, devait sortir de prison lundi, compte tenu de son temps passé derrière les barreaux en préventive et de la remise de peine que lui avait accordée en novembre la CPI, conformément à son règlement.

Après son transfèrement à Kinshasa, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch avait appelé les autorités congolaises à le poursuivre "pour des crimes de guerre autres que ceux pour lesquels il a été condamné par la CPI" et à lui garantir "un procès équitable et rapide".

Outre M. Katanga, un autre Congolais, Thomas Lubanga, détenu à Kinshasa, a été condamné par la CPI à 14 ans de prison en 2012 pour enrôlement d'enfants dans une milice en Ituri, et un troisième, Bosco Ntaganda, est actuellement jugé par la Cour de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Ituri également.

La CPI détient aussi Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président congolais pendant la transition politique d'après-guerre et rival malheureux de M. Kabila à la présidentielle de 2006. M. Bemba est dans l'attente de son jugement dans une affaire de crimes de guerre et crimes contre l'humanité imputés à sa milice en Centrafrique.

Pour le ministre de la Justice, la décision de poursuivre M. Katanga est un "message clair" adressé aux autres Congolais passés par la CPI dans le cas où d'autres faits que ceux pour lesquels ils ont été jugés pourraient leur être reprochés.