Un dépôt d'armes et munitions de l'armée burkinabè près de Ouagadougou a été attaqué vendredi par d'anciens membres du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'unité auteur d'un putsch raté en septembre, a annoncé l'armée burkinabè dans un communiqué.
"Aux environs de 03H00 (locales et GMT), une tentative d'incursion n'ayant fait aucune victime a eu lieu au niveau du magasin d'armement de Yimdi", à vingt km à l'ouest de Ouagadougou, selon le communiqué qui ajoute que "les auteurs de cette tentative ont été identifiés comme des éléments récalcitrants de l'ex-RSP".
"Le site est sous contrôle des Forces armées nationales et le dispositif de surveillance a été renforcé", conclut le communiqué.
"Il y a eu une attaque de la soute (dépôt) à Yimdi très tôt. Ceux qui l'ont fait sont des éléments de l'ex-RSP, ils ont pu ramasser des armes et des munitions et partir avec", a toutefois assuré à l'AFP une source au sein de l'armée burkinabè s'exprimant sous couvert d'anonymat.
"Ils étaient une vingtaine. Ils ont ligoté certains des hommes qui étaient sur place avant de mener l'opération. Pour l'instant on compte un blessé parmi les soldats qui assurent la garde de la soute. On a pu identifier quelques uns d'entre eux et nous poursuivons les investigations", a confié une autre source militaire.
Cette attaque survient alors que Ouagadougou a été la cible vendredi dernier d'une attaque jihadiste qui a fait 30 morts et que les forces de sécurités sont prioritairement mobilisées contre cette menace.
- Arrestations en décembre -
Fort de quelque 1.300 hommes, le RSP, unité d'élite de l'armée burkinabè, était la garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé par la rue fin octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.
Le RSP a été dissous pour avoir mené le 17 septembre, sous la direction du général Gilbert Diendéré, un coup d'État contre le gouvernement de transition mis en place après la chute de M. Compaoré.
Le putsch a été mis en échec en moins d'une semaine suite à une mobilisation de la population soutenue par une partie de l'armée loyaliste. Une soixantaine de personnes ont été écrouées, dont une vingtaine d'officiers du RSP et le général Diendéré, poursuivi pour "crimes contre l'humanité".
Fin décembre, au moins 38 soldats de l'ex-RSP et deux civils ont été écroués pour leur implication présumée dans un projet de libération du général Diendéré.
Ils avaient été arrêtés au cours d'une réunion alors qu'ils planifiaient d'attaquer des casernes et profiter du chaos ainsi créé pour libérer les putschistes et les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, ex-chef de la diplomatie de Compaoré, également interpellé pour complicité, avait alors expliqué à l'AFP une source sécuritaire.
La chute de Blaise Compaoré, en octobre 2014, et surtout les conséquences du putsch raté de septembre ont considérablement affaibli l'armée et l'appareil sécuritaire, choyée sous Compaoré, issu des rangs de l'armée, de sources concordantes proches du dossier.
Le général Diendéré, ancien bras droit de Compaoré, gérait tout le renseignement et les médiations avec les groupes jihadistes alors que le RSP, considéré comme une armée dans l'armée, bien entraîné et équipé, était le plus souvent appelé en cas de crise.