La Cour de cassation a annulé mercredi l'avis favorable à l'extradition vers le Rwanda d'un homme de 49 ans, Innocent Bagabo, accusé dans son pays d'origine d'avoir participé au génocide de 1994, selon une décision consultée vendredi par l'AFP.
La cour d'appel de Poitiers avait émis le 30 juin un avis favorable à son extradition, mais dans son arrêt, la Cour de cassation a annulé cette décision, sans ordonner de nouvel examen du dossier, car les faits de génocide et de crime contre l'Humanité n'étaient pas incriminés par la justice rwandaise à l'époque.
Soutenu par l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International, M. Bagabo est accusé par la justice rwandaise d'avoir massacré de sa main, à la machette ou à la grenade, des dizaines de Tutsis, hommes, femmes et enfants. Il est pourtant lui-même tutsi par sa mère, dont toute la famille a été massacrée durant le génocide. Quant à son père, issu de l'ethnie hutu, et sa soeur, ils ont eux aussi été assassinés, mais par les troupes du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir.
Réfugié en Tanzanie, Innocent Bagabo était rentré spontanément au Rwanda où il avait intégré un comité de réconciliation après la guerre civile, avant de devenir enquêteur des Droits de l'Homme.
Mais il affirme que, quelques années plus tard, il a refusé de porter de fausses accusations contre des suspects. Ce refus lui a valu les foudres du pouvoir rwandais, assure son avocat.
Il est devenu français après avoir bénéficié du statut de demandeur d'asile.