Les forces kurdes syriennes ont dénoncé vendredi le récent rapport d'Amnesty International les accusant de déplacements forcés de population et de destructions de maisons, actes qualifiés par l'ONG de "crimes de guerre".
Sur la base du rapport d'une mission envoyée dans 14 villes et villages dans le nord et le nord-est de la Syrie, Amnesty International a accusé mardi les forces kurdes d'avoir mené une "campagne délibérée et coordonnée de punition collective des habitants de villages auparavant contrôlés par le groupe Etat Islamique (EI) ou soupçonnés d'abriter des partisans de l'EI", en empêchant la population de retourner dans ces villages ou en y détruisant volontairement des maisons.
"Ce rapport est injuste, biaisé et non professionnel. Il présente les choses comme s'il s'était agi d'une guerre confessionnelle entre Arabes et Kurdes et contribue grandement à approfondir les tensions ethniques", ont réagi vendredi les Unités de protection du peuple kurde (YPG).
"Ceci est très dangereux, contraire à l'éthique et indigne d'Amnesty International", souligne la principale force kurde syrienne, dont le communiqué de neuf pages répond point par point aux allégations, dont celle de la destruction d'un village entier dans le nord-ouest du pays.
Les YPG accusent Amnesty de n'avoir pas pris en considération les dommages causés par des années de combats et la stratégie de l'EI d'utiliser des mines et d'autres types d'explosifs.
"Les différentes organisations terroristes dans la région ont planté des mines artisanales, utilisé des voitures piégées pour commettre des attentats suicide et piégé des maisons", expliquent les forces kurdes. "Les auteurs du rapport semblent ignorer que l'EI et les autres terroristes avant eux ont réagi à leurs défaites par la démolition, la destruction et les incendies".
Les YPG soulignent aussi que leur alliance avec des combattants arabes "réduit à néant" l'accusation qu'elles aient pu obliger par la force n'importe quel groupe ethnique à se déplacer.
Les forces kurdes mettent également en doute des témoignages reproduits par Amnesty International et affirment que les personnes interrogées sont des "gens ayant fui la région avec l'EI et qui ont (les mains) tachées du sang du peuple syrien".
Si les Kurdes syriens ont prouvé qu'ils étaient la force la plus efficace dans la lutte contre l'EI, leur avance, avec l'appui de la coalition internationale menée par les Américains, a toutefois exacerbé les tensions ethniques dans le nord-est de la Syrie.