Des groupes clés de l'opposition syrienne, réunis jeudi pour la 3e journée consécutive à Ryad, tardaient à dire s'ils allaient participer ou non aux négociations de paix avec le régime prévues vendredi à Genève.
Le Haut comité des négociations (HCN), instance qui doit représenter à Genève les principaux groupes politiques et armés de l'opposition, a indiqué avoir reçu des réponses de l'émissaire spécial de l'ONU Staffan de Mistura, mais attendait toujours celles du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Dans sa réponse, M. de Mistura a "souligné que les articles 12 et 13, dont nous avons réclamé l'application, sont un droit légitime (...) et non négociables", a déclaré Salem al-Meslet, porte-parole du HCN, dans un communiqué.
Dans ces deux articles de la résolution 2254, adoptée en décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à un arrêt des bombardements des zones civiles et à un accès aux civils dans les zones assiégées.
Mais M. Meslet a ajouté que le HCN "attend une réponse" à une lettre adressée à M. Ban et réclamant de la communauté internationale de "s'engager à appliquer la résolution 2254".
Le coordinateur du comité Riad Hijab a estimé dans un communiqué que la communauté internationale devrait faire pression pour la levée des sièges des villes en Syrie, l'arrêt des bombardements et l'acheminement de l'aide humanitaire aux nécessiteux.
"Il n'est pas possible de tenir des négociations sérieuses alors que des crimes contre l'Humanité sont commis contre les Syriens par des parties étrangères", a-t-il ajouté.
Mercredi soir, les Etats-Unis ont exhorté l'opposition à participer "sans conditions préalables". C'est "une occasion historique d'aller à Genève et de proposer des moyens concrets de mettre en oeuvre un cessez-le-feu, un accès humanitaire et d'autres mesures susceptibles de redonner confiance", a fait valoir un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.
Mais à moins de 24 heures du lancement des négociations, le HCN reste indécis sur sa présence à Genève.
"Nous sommes sérieux quant à la participation et sommes prêts aux négociations mais ceux qui entravent le début de celles-ci sont ceux qui bombardent et affament les civils", a dit Salem al-Meslet dans son communiqué, en référence au régime et à ses alliés.
Interrogé par l'AFP à Genève sur un possible report des pourparlers de paix, un porte-parole de M. Mistura a déclaré: "Nous attendons aujourd'hui (une décision) du groupe de Ryad. Puis, nous allons décider et voir".
Alors qu'il insiste pour être le seul représentant de l'opposition aux négociations, le HCN réclamait aussi des "précisions" sur "la nature des invitations"adressées à d'autres opposants.
Les négociations, appelées à durer six mois, doivent porter sur une feuille de route qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. L'opposition exige le départ de M. Assad au début de la période de transition.
De précédents pourparlers (janvier-février 2014) s'étaient achevées sans résultat concret et, depuis, le conflit est devenu plus complexe avec la multiplication des acteurs et la montée en puissance de l'Etat islamique (EI) sur un territoire de plus en plus morcelé. Plus de 260.000 personnes y ont péri et des millions ont pris la fuite.