Des survivants musulmans d'un massacre commis au début de la guerre inter-communautaire de Bosnie (1992-95) par les forces serbes à Visegrad (est) ont réclamé vendredi l'extradition par la France d'un suspect, Radomir Susnjar, quelques jours avant que la justice française ne prenne une décision.
Dans une lettre adressée à François Hollande, l'association "Les Femmes victimes de la guerre", qui représente les survivants de ce massacre, appelle la France à "tenir la parole donnée aux victimes du nettoyage ethnique, à savoir de tout faire pour traduire les responsables (des crimes de guerre) devant la justice".
Radomir Susnjar est un Serbe de Bosnie qui fait l'objet d'une demande d'extradition de la part de la justice bosnienne. Il avait été interpellé en avril 2014 à son domicile en région parisienne et placé en détention préventive avant d'être libéré sous contrôle judiciaire.
Selon l'association bosnienne, la Cour d'appel de Paris devrait tenir le 10 février la dernière audience avant de décider sur sa remise éventuelle aux autorités bosniennes.
En juin 2015, le parquet français avait requis un complément d'enquête.
Susnjar est soupçonné par la justice bosnienne de "crimes contre l'humanité" pour sa participation présumée, le 14 juin 1992, au massacre de 59 civils musulmans, dont des femmes et des enfants. Quelque 66 personnes avaient été enfermées ce jour-là par des hommes armés dans une maison abandonnée où des explosifs avaient été jetés, tuant 59 d'entre elles.
M. Susnjar a contesté devant la justice française avoir pris part à ces exactions, en invoquant une confusion avec un homme portant le même patronyme, Milan Susnjar.
La guerre de Bosnie a fait environ 100.000 morts. Entre avril et juin 1992, les forces serbes de Bosnie ont tué à Visegrad et dans ses alentours plus de 1.500 civils, selon l'Institut bosnien pour les personnes disparues.