Le nouveau gouvernement conservateur à Varsovie envisage l'introduction d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison pour l'utilisation de l'expression "camps polonais" à propos de camps nazis en Pologne, a indiqué lundi un vice-ministre de la Justice, Patryk Jaki.
"Stop à l'attribution à la Pologne du rôle de l'auteur de l'Holocauste", a martelé devant la presse M. Jaki, en précisant que son ministère voulait aussi faire inscrire dans la Constitution "la protection légale du bon renom de la République de Pologne et de la nation polonaise".
Utilisée parfois par des médias et des hommes politiques étrangers à propos des camps de concentration et de la mort installés par l'Allemagne nazie en Pologne occupée, l'expression "camps polonais" irrite fortement Varsovie, et ses autorités demandent systématiquement qu'elle soit rectifiée.
Selon le projet du ministère de la Justice, dirigé par Zbigniew Ziobro, un proche du chef du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski, la peine de cinq de prison ferme serait encourue pour "une attribution publique, au mépris des faits, à la République de Pologne ou à la nation polonaise du fait d'avoir été coresponsable" des crimes du IIIe Reich, a précisé M. Jaki.
La Pologne se propose aussi de pouvoir réclamer devant la justice, par des ONG interposées se constituant partie civile, "d'importantes sommes en dommages et intérêts".
En mars 2015, un tribunal de Varsovie avait prononcé un non-lieu dans un procès intenté par un Polonais au journal allemand Die Welt pour avoir écrit "camp de concentration polonais" à propos d'un camp nazi en Pologne.
Tout en reconnaissant que cette expression "peut et doit susciter le rejet et l'indignation de toute personne connaissant l'histoire et surtout des Polonais", le tribunal a estimé qu'en l'occurrence cette expression ne s'adressait pas au plaignant. Le tribunal a rappelé que le journal avait immédiatement présenté des excuses et retiré la phrase incriminée de sa page internet.