Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en Corée du Nord demande qu'un message officiel soit adressé par l'ONU au dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un pour le menacer d'un éventuel procès pour crimes contre l'humanité.
Cette recommandation figure dans le rapport que Marzuki Darusman doit présenter le 14 mars à Genève devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Dans ce texte distribué lundi aux médias, le rapporteur spécial juge que la situation des droits de l'Homme dans la République populaire démocrate de Corée (RPDC) "ne s'est pas améliorée" depuis la publication en février 2014 d'une enquête de l'ONU dénonçant des "crimes contre l'humanité" perpétrés dans le pays le plus fermé de la planète.
"Il est regrettable que les crimes contre l'humanité documentés par la commission d'enquête semblent se poursuivre", écrit M. Darusman, qui cite notamment "le maintien de camps de prisonniers politiques", des "témoignages de torture et d'autres violations contre des prisonniers", ainsi que "des persécutions à l'égard de croyants religieux".
"En conséquence, la responsabilité criminelle des plus hauts dirigeants de la RPDC, y compris le dirigeant suprême, pour crimes contre l'humanité, doit être envisagée (...) même si des responsables moins gradés ont perpétré ces crimes", estime le rapporteur spécial.
Il appelle en conclusion le Conseil des droits de l'Homme à "adresser un message officiel (...) au dirigeant suprême de la RPDC (Kim Jong-Un) pour l'avertir, lui et d'autres hauts dirigeants, qu'ils risquent de faire l'objet d'une enquête et, en cas de culpabilité, d'être tenus pour responsables de crimes contre l'humanité commis sous leur direction".
A cet égard, M. Darusman, dont le mandat s'achève en juillet, préconise la création d'un groupe de 2 ou 3 experts indépendants, missionnés pour une durée de 6 mois renouvable, qui seront chargés "de proposer une approche juridique appropriée" en prévision d'une telle éventualité.
Lors d'une visite au Japon le mois dernier, le rapporteur avait déjà estimé que Kim Jong-Un était "politiquement responsable". Il avait cependant refusé de citer d'autres noms de dirigeants nord-coréens susceptibles d'être traduits devant une juridiction comme la Cour pénale internationale, "car il nous faut d'abord bâtir un dossier en vue d'une poursuite en bonne et due forme", avait-il dit.