Des soldats de l'armée gouvernementale sud-soudanaise pourraient être impliqués dans l'attaque mercredi d'un camp de déplacés au Soudan du Sud qui a fait au moins 18 morts et 90 blessés, a estimé vendredi le Haut-commissariat des Nation unies aux réfugiés (HCR).
Au moins 26.000 des 48.000 déplacés de ce camp proche d'une base de l'ONU à Malakal ont fui le site à la suite de l'attaque, a indiqué à Genève Andreas Needham, porte-parole du HCR.
Selon le HCR, reprenant les explications avancées jeudi par la mission de l'ONU au Soudan du Sud (UNMISS), des combats ont éclaté dans le camp entre membres de deux ethnies rivales, des Dinka et des Shilluk.
"Des soldats de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) seraient entrés dans le camp", a poursuivi le porte-parole du HCR en ajoutant que "des partenaires humanitaires sur le terrain ont fait état de tirs, de pillages et d'incendies de tentes".
"Des employés du HCR ont rapporté que les civils ont fui en emportant ce qu'ils pouvaient, les plus faibles restant sur place sans assistance", selon Andreas Needham.
"Des informations préliminaires ont fait état de 18 morts et plus de 90 blessés", certains dans une situation critique, a-t-il ajouté.
Deux cliniques de campagne, gérés par l'Organisation internationale des Migrations (OIM) et par l'International Medical Corps (IMC) ont été pillées, selon le porte-parole du HCR.
Quelque 4.000 Dinka ont fui le camp pour rejoindre Malakal, tandis que des "dizaines de milliers de déplacés Nuer et Shilluk ont trouvé refuge dans la base de l'UNMISS de Malakal".
"Les incendies ont sérieusement endommagé le camp", a indiqué le porte-parole en ajoutant que "des tirs sporadiques étaient encore entendus dans le camp ce (vendredi) matin".
"Les forces de l'ONU semblent avoir pris le contrôle du site et les soldats de la SPLA auraient quitté le camp", a-t-il ajouté.
Malakal, capitale de l'Etat riche en pétrole du Haut-Nil (nord-est), est un des principaux champs de bataille de la guerre civile qui ravage le pays depuis plus de deux ans. La ville est sous contrôle des forces gouvernementales, mais se trouve en lisière des zones rebelles.
"Toute attaque visant des civils, les locaux de l'ONU et les Casques bleus peut constituer un crime de guerre", avait souligné jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en condamnant l'attaque.