Washington et Moscou ont annoncé un cessez-le-feu en Syrie qui doit être validé par le régime et l'opposition pour pouvoir entrer en vigueur samedi et qui exclut les groupes jihadistes, alors que les combats font toujours rage près d'Alep.
Les parties prenantes au conflit, à l'exception du groupe Etat islamique (EI) et du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, ont jusqu'à vendredi 12h00 (10h00 GMT) pour faire part de leur adhésion à cette trêve, prévue pour débuter samedi à 00h00 heure de Damas (22h00 GMT vendredi), selon un communiqué conjoint des Etats-Unis et de la Russie.
Les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine ont évoqué cet accord lundi lors d'un contact téléphonique initié par M. Poutine, d'après la Maison Blanche. M. Obama a insisté sur la nécessité du respect de cet accord pour "soulager les souffrances du peuple syrien" et "se concentrer" sur le combat contre l'EI.
Lors d'une allocution télévisée qui a suivi son entretien avec son homologue américain, M. Poutine a assuré que son pays, allié militaire du régime de Damas, "fera le nécessaire" pour que "les autorités légitimes syriennes" respectent l'interruption des hostilités et espère que les Etats-Unis "feront la même chose" avec les groupes rebelles.
Dans un communiqué, le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l'opposition syrienne, a dit qu'il acceptait ce cessez-le-feu à condition que les dispositions de la résolution 2254 de l'ONU, adoptée en décembre, soient respectées, notamment celles prévoyant un accès aux civils dans les zones assiégées et la livraison d'aide humanitaire.
Lundi, un convoi de 44 camions d'aide humanitaire, supervisé par l'ONU et la Croix rouge, a pénétré à Mouadamiyat al-Cham, ville située à la périphérie de Damas et assiégée par l'armée syrienne, selon l'agence officielle Sana.
Les troupes du régime encerclent également Alep, la deuxième ville du pays, après une offensive menée depuis le début du mois avec l'appui aérien de la Russie. Des milliers d'habitants de ce secteur du nord syrien ont dû fuir les combats et se diriger vers la frontière turque.
Le secrétaire général des Nations unies a salué le projet américano-russe de trêve comme un "signe d'espoir pour la population syrienne".
- Mécréants -
Cette proposition d'arrêt des combats intervient près de trois semaines après l'échec de négociations de paix intersyriennes à Genève et alors qu'une trêve censée entrer en vigueur vendredi dernier, conformément à un accord parrainé par Moscou et Washington, a été complètement ignorée.
Ce nouveau projet américano-russe de trêve intervient en outre au lendemain d'une vague d'attentats revendiqués par l'EI, à Homs (centre) contre des alaouites, et près de Damas contre des chiites, deux communautés "mécréantes" à ses yeux.
Un double attentat-suicide perpétré à 400 mètres du mausolée de Sayeda Zeinab, honni par les jihadistes sunnites et lieu sacré à défendre pour les chiites, a fait 134 morts, dont 97 civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a fait plus de 260.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population du pays.
Il a été mené quelques heures après une double attaque à la voiture piégée, également revendiquée par l'EI, dans un quartier à majorité alaouite à Homs, qui a fait 64 morts selon l'OSDH.
L'EI est en guerre contre les alaouites, communauté issue du chiisme à laquelle appartient le président syrien Bachar al-Assad, et contre le Hezbollah libanais et l'Iran chiites, venus prêter main forte au régime syrien.
Lundi, l'EI et d'autres combattants jihadistes ont coupé une route vitale permettant au régime d'accéder à Alep, prouvant que ses récents revers face à l'armée et aux kurdes n'avaient pas entamé sa capacité d'action.
A New York, la Commission d'enquête de l'ONU a souligné dans un rapport remis lundi que des crimes de guerre étaient régulièrement commis en Syrie, dont "les premières victimes" restent les civils, souvent la cible d'attaques délibérées par les belligérants.
Les Nations unies ont par ailleurs annoncé lundi que des experts chargés d'identifier les responsables d'attaques chimiques en Syrie allaient commencer leurs enquêtes sur le terrain début mars. Ce groupe, mis en place en août après des attaques au chlore contre trois villages syriens et baptisé Joint Investigative Mechanism (JIM), a établi une liste de sept cas d'attaques chimiques présumées à examiner en priorité.
Lundi soir, le régime de Damas a annoncé qu'il comptait organiser le 13 avril des élections législatives dans tout le pays.