Cannibalisme des Khmers rouges: un foie prélevé sur une femme, raconte un témoin

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En pleurs face au tribunal, un Cambodgien a raconté lundi avoir été témoin de l'exécution d'une femme dont le foie a été prélevé pour être mangé, lors du procès pour génocide des deux adjoints de Pol Pot encore en vie.

Ce procès, parrainé par l'ONU, est consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams, aux mariages forcés, viols et autres crimes perpétrés dans plusieurs camps de travail et prisons entre 1975 et 1979 dans le Cambodge sous régime Khmer rouge.

Détenu dans le camp, Meu Peou a assisté à l'exécution d'une femme, dont il a livré à la cour les détails sordides.

"On lui a demandé d'enlever ses vêtements et puis ils ont entaillé son corps. Il y avait du sang partout... son foie a ensuite été prélevé et cuit pour un repas", a-t-il raconté.

Ce dernier a ensuite expliqué que 17 membres de sa famille étaient morts à cette époque, y compris son père, musulman, mort de faim après avoir refusé de manger du porc.

D'autres témoins ont raconté lors de ce procès des scènes de cannibalisme, et notamment le prélèvement de vésicules biliaires de prisonniers exécutés qui étaient mises à sécher au soleil.

Les historiens avancent plusieurs explications à ces scènes de cannibalisme: le climat général de violence extrême, la superstition (acquérir la puissance de l'ennemi en consommation certains organes) ou tout simplement la faim et le désespoir dans les rangs des Khmers rouges.

En septembre, d'autres survivants avaient évoqué les autodafés de Corans et les noyades collectives.

Quelque 20.000 Vietnamiens et entre 100.000 et 500.000 Chams (sur un total de 700.000) ont été tués par le régime de Pol Pot, qui a fait quelque deux millions de morts.

L'idéologue du régime Nuon Chea, 89 ans, et le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 84 ans, comparaissent depuis 2011 pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979 au nom d'une utopie marxiste délirante qui prétendait défaire la société de la contrainte de l'argent et bannir la religion.

Alors que les deux accusés ont déjà été condamnés à la prison à vie dans le premier procès, le deuxième, débuté en 2014, se penche sur les accusations de génocide des Vietnamiens et de cette minorité musulmane cham.

Il ne concerne pas les massacres de masse sur l'ensemble de la population cambodgienne qui ne sont pas considérés par les Nations unies comme un génocide.

Le procès pourrait durer jusqu'à 2016.

Beaucoup de dirigeants clés du régime sont morts sans être jugés, y compris Pol Pot, le "Frère numéro un", décédé en 1998.