Un ex-chef de milice sierra-léonais condamné pour crimes de guerre et libéré en mars 2015, avant la fin de sa peine de prison, a été arrêté pour non-respect des conditions de sa libération, a annoncé vendredi le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone.
Moinina Fofana, un chef de la milice pro-gouvernementale des Forces de défense civile (CDF) pendant la guerre civile (1991-2002), avait passé près de 12 ans - sur un total de 15 prévus - en prison au Rwanda, en vertu d'un arrangement exceptionnel, la Sierra Leone ne disposant pas d'établissements pénitentiaires adéquats, selon les Nations unies.
En annonçant sa libération le 12 mars 2015, le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, qui a pris le relais du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), avait précisé qu'il achèverait sa peine à Bo (sud de la Sierra Leone) "sous des conditions strictes et une surveillance draconienne".
Il lui était ainsi interdit d'entrer en contact avec des témoins ou de faire de la politique.
Selon un communiqué du Tribunal spécial résiduel, il a été arrêté pour "avoir violé les conditions de sa libération" anticipée.
Une des conditions qui lui étaient imposées était "de se conduire de manière honorable et paisible dans la communauté", et de se tenir à l'écart de rassemblements où pourraient se produire des troubles à l'ordre civil, a indiqué le président du tribunal, le juge kényan Philip Waki, cité dans le communiqué, sans préciser de lieu, ni de faits.
Le juge a ordonné que Moinina Fofana soit présenté à un juge sierra-léonais dans un délai de sept jours.
M. Fofana a été conduit de Bo à Freetown dans la nuit de jeudi à vendredi, sous haute surveillance sécuritaire, a affirmé à l'AFP sa famille, exprimant sa "surprise".
Après son inculpation en 2003, son procès s'était ouvert en 2004. Reconnu coupable de crimes de guerre, il avait été condamné en première instance en 2007 à six ans de prison, puis en appel en 2008 à quinze ans.
La milice des CDF a commis de nombreuses exactions contre les civils aux côtés des chasseurs traditionnels Kamajor alors qu'ils combattaient les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF).
Le TSSL a été créé en 2002 pour juger les responsables d'exactions commises au cours de la guerre civile qui a fait 120.000 morts et des milliers de mutilés.