Le Parquet roumain a requis jeudi 25 ans de prison contre un ancien commandant de camp de travail communiste, Ioan Ficior, accusé de "crimes contre l'humanité".
"Nous réclamons une peine de 25 ans de prison, vu que l'inculpé a plus de 65 ans", a déclaré le représentant du parquet, précisant que les accusations visant M. Ficior (88 ans) justifieraient la réclusion à perpétuité.
Ioan Ficior est le deuxième ancien tortionnaire communiste présumé jugé à Bucarest, plus de 26 ans après la chute du régime totalitaire. Le mois dernier, un ex-commandant de la prison de Ramnicu Sarat (est), Alexandru Visinescu, a été reconnu coupable de "crimes contre l'humanité" et condamné à 25 ans de prison.
"J'ai simplement fait mon devoir en tant que militaire (...), j'ai toujours servi mon pays et Dieu", a affirmé M. Ficior devant la juge. Il a assuré avoir "fait de (son) mieux pour fournir aux détenus de la nourriture et des médicaments".
Le parquet l'accuse toutefois d'avoir soumis à un "traitement inhumain" les détenus du camp de Periprava (est, dans le delta du Danube), qu'il dirigea entre 1958 et 1963. Au moins 103 d'entre eux, des opposants politiques au régime communiste, y sont morts.
"Isolement, froid insupportable dans les baraquements, punitions physiques cruelles, nourriture insuffisante, refus de soins médicaux (...), le régime instauré par Ioan Ficior n'était pas à même d'assurer des conditions minimum de survie", selon l'acte d'accusation.
La Haute Cour de Cassation et de Justice rendra son verdict le 30 mars.
Au total, plus de 600.000 Roumains ont été condamnés et emprisonnés pour des motifs politiques sous le régime communiste, entre 1945 et 1989, selon le musée mémorial des victimes du communisme de Sighet.
Les vagues de répression les plus sévères ont eu lieu dans les années 1950.