Le Premier ministre croate Tihomir Oreskovic a dénoncé jeudi le verdict "honteux" du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) qui a acquitté l'ultranationaliste serbe Vojislav Seselj de l'ensemble de neuf accusations de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
"C'est un jugement honteux. C'est une défaite du tribunal de la Haye et du Parquet", a déclaré à la presse M. Oreskovic.
"Il est l'homme (...) qui est l'auteur du mal et qui n'a montré aucun remords, ni à l'époque, ni aujourd'hui", a-t-il ajouté, en s'exprimant à Vukovar, ville de l'est de la Croatie qui avait été pratiquement rasée par l'artillerie serbe au début du conflit serbo-croate (1991-95).
Vojislav Seselj, 61 ans, connu pour sa violence verbale, était accusé par le procureur du TPIY d'avoir "propagé une politique visant à réunir tous +les territoires serbes+ dans un Etat serbe homogène, qu'il appelait la +Grande Serbie+", ainsi que des tortures et des expulsions de non-Serbes en Bosnie et en Croatie dans les années 1990.
Les juges du TPIY ont toutefois affirmé qu'il n'était pas "le chef hiérarchique" des milices de son parti politique, et ne peut donc être tenu pénalement responsable des crimes commis.
A Vukovar aussi, le président d'une association d'anciens prisonniers de guerre croates, Danijel Rehak, a exprimé une "profonde déception" à cause de l'acquittement de M. Seselj.
"Ce verdict est mauvais pour nous tous, il ne contribue pas à la réconciliation. Seselj prônait la Grande Serbie alors que tout le monde fait semblant d'être naïf", a déclaré M. Rehak à l'AFP.
La proclamation en 1991 par la Croatie de son indépendance de la Yougoslavie a été suivie d'une guerre entre les forces de Zagreb et les rebelles serbes de Croatie, soutenus par Belgrade, qui s'y opposaient. Ce conflit a fait environ 20.000 morts.