Keiko Fujimori, candidate favorite à l'élection présidentielle du 10 avril au Pérou, compte parmi ses soutiens financiers deux personnalités mises en cause par l'enquête réalisée par une centaine de journaux à travers le monde sur des avoirs cachés dans les paradis fiscaux, selon un site péruvien.
Il s'agit de Jorge Javier Yoshiyama Sasaki et Sil Yok Lee, a indiqué le site d'information en ligne Ojo Público, membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui a fait éclater le scandale dimanche.
Quelque 370 journalistes de plus de 70 pays ont participé à cette enquête faite à partir de millions de documents, regroupés sous la dénomination "Panama papers", provenant du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca.
Selon Ojo Público, Jorge Javier Yoshiyama "a servi de prête-nom" pour que la filiale de Mossack Fonseca à Lima ouvre, en 2010, une société écran aux Seychelles, et l'a choisi comme mandataire d'une autre dans les Iles Vierges britanniques.
M. Yoshiyama et son épouse ont donné de manière légale 380.000 sols (près de 100.000 euros) pour la campagne électorale de Mme Fujimori de 2011 ainsi que pour l'actuelle.
De son côté, Sil Yok Lee a été nommée par Mossack Fonseca, qui opère depuis 15 ans au Pérou, mandataire d'une société offshore dans les Caraïbes. Elle a contribué à hauteur de 138.000 sols (environ 36.000 euros) aux dépenses électorales de Mme Fujimori, ajoute le site péruvien.
Mme Fujimori est la fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000) condamné pour corruption et crime contre l'humanité. Le mois dernier elle avait été soupçonnée d'avoir versé de l'argent lors d'une étape de sa campagne, ce qui est interdit par une nouvelle loi, avant d'être mise hors de cause par la justice électorale péruvienne.
Par ailleurs, Ojo Público évoque la plus grande société forestière du Pérou, Maderera Bozovich, dirigée par Drago e Ivo Bozovich, et la création de dix sociétés offshore avec l'appui de Mossack Fonseca.
Trois grands chefs cuisiniers péruviens sont également cités pour avoir placé leur argent dans des paradis fiscaux grâce au cabinet panaméen: Jaime Pesaque, Rafael Osterling et Christian Bravo.
Le patron du cabinet d'avocats Mossack Fonseca, Ramon Fonseca Mora, a estimé dimanche que la divulgation de ses documents, impliquant une centaine de responsables politiques ou personnalités de premier plan, était un "crime" et une "attaque" contre le Panama.