La CPI a mis fin mardi aux poursuites pour crimes contre l'humanité contre le vice-président kényan William Ruto, les juges ayant conclu que le procureur n'avait pas présenté des éléments de preuve suffisants pour continuer le procès, a indiqué la Cour.
Au vu des éléments de preuve, les juges, à la majorité, "ont convenu d'annuler les charges et de prononcer un non-lieu en faveur des deux accusés", a indiqué la CPI dans un communiqué, soulignant que cette décision est "susceptible d'appel".
"Selon la majorité, cette décision n'empêche pas que soient engagées de nouvelles poursuites à l'avenir, que ce soit devant la CPI ou une juridiction nationale", a ajouté le procureur.
Le procureur "n'a pas produit des moyens de preuve suffisants pouvant raisonnablement permettre à une chambre de première instance de déclarer les accusés coupables", a affirmé l'un des juges : il a donc estimé qu'il n'y "avait aucune raison de demander à la défense de présenter" son dossier.
William Ruto, 49 ans, et le présentateur de radio Joshua Arap Sang, son co-accusé de 40 ans, sont poursuivis pour des meurtres, persécutions et déportations commises durant les violences qui avaient suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki face à Raila Odinga en décembre 2007, faisant plus de 1.300 morts et 600.000 déplacés, selon l'accusation.
C'est la première fois qu'une demande en vue d'un rejet des charges et d'un acquittement est déposée par la défense en cours de procès, après la présentation par l'accusation des éléments à charge et avant que la défense ne prenne la parole.
L'un des juges a, lui, qualifié les procédures de nulles "car l'on ne saurait ignorer que les failles dans le dossier de l’accusation peuvent être expliquées par les interférences dans la procédure au moyen de pressions exercées sur des témoins et d’ingérences politiques qui étaient raisonnablement susceptibles d’intimider les témoins", affirme la CPI.
MM. Ruto et Sang, dont le procès s'était ouvert en septembre 2013, comparaissent libres et nient toute responsabilité dans ces violences, les pires de l'histoire post-coloniale du Kenya.
Les témoins ont été un des talons d'Achille du dossier de l'accusation. Pas moins de 16 des 42 témoins avaient en effet changé leur témoignage ou refusé de témoigner, citant des menaces, des intimidations ou la peur de représailles.