La célébration du 22ème anniversaire de la mort du président Cyprien Ntaryamira aura été une occasion à deux personnalités de la mouvance présidentielle de demander des comptes au Rwanda et même au président Paul Kagame en personne.
La seule personnalité qui jusqu’ici a indexé ouvertement le président rwandais Paul Kagame est Jean de Dieu Mutabazi, président du parti Rassemblement pour la Démocratie au Burundi (Radebu). Dans un tweet posté à midi ce mercredi 6 avril, après les cérémonies offcielles, il affrme : «Le président Paul Kagame ne parvient pas à prouver son innocence dans le crash du 06/04 /1994 qui a emporté C. Ntaryamira».
Dans la soirée, il sort un communiqué. D’une façon moins appuyée, M. Mutabazi s’en prend au président rwandais. « Nous condamnons tous ceux qui ont participé dans l’attentat de M. Ntaryamira. Et à ce titre, nous demandons au président du Rwanda, Paul Kagame de prouver qu’il n’est pas impliqué dans l’assassinat de feu Cyprien Ntaryamira».
A travers la radio nationale, Njangwa Gilbert-Beco, président d’Onelope-Burundi, un collectif d’associations de la société civile de la mouvance présidentielle s’indigne que vingt-deux ans après la mort du président Ntaryamira, les coupables de son assassinat ne sont pas encore connus et jugés.
Il demande au gouvernement burundais de s’adresser à l’ONU pour mettre sur pied une com- mission d’enquête internationale pour démasquer les assassins du président Ntaryamira. Les coupables doivent être jugés et punis. Ils doivent aussi verser des frais de dommages-intérêts.
A défaut d’une commission d’enquête onusienne, M. Jangwa recommande au gouvernement burundais de déférer en justice le Rwanda car la mort du président Ntaryamira s’est produite sur son territoire. Il s’indigne aussi de ce que des rapports ont été produits sur le crash de l’avion qui a emporté la vie des deux présidents Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira mais que Bujumbura n’en a jamais reçu de copie.
Des témoignages inédits
Plus que jamais dans le passé, ce mercredi 6 avril, des Burundais se sont lâchés au sujet de la mort du président Ntaryamira. Jérôme Ndiho, actuel porte-parole au bureau de l’Ombudsman révèle à la presse qu’il se félicite qu’aujourd’hui, même sur la radio nationale, les journalistes parlent de «l’assassinat de Cyprien Ntaryamira». C’est un grand pas, dira-t-il, jusqu’ici la radio nationale parlait de «l’accident qui s’est produit à Kigali».
Sans indexer personne ou aucun pays, M. Ndiho soutient que le président Ntaryamira a été effectivement victime d’un attentat planifé. « La veille de son voyage pour Dar-Es-Salam où il devait participer à une conférence pour la paix en Afrique centrale, le président Ntaryamira a eu un appel téléphone de la part de son homologue, le président Mobutu. C’est moi qui ai décroché. Le président Mobutu dissuadait son homologue de faire le déplacement car il allait être victime d’un attentat». Selon M. Ndiho, le président s’y est rendu malgré tout car, « c’était un homme courageux ».
Au terme de la conférence, le président a jugé bon de rentrer sur Bujumbura dans le Falcon du président Juvénal Habyarimana,« un appareil plus rapide que le sien», précise M. Ndiho. Le Falcon sera abattu à l’aéroport de Kanombe.
Signalons que Léonce Ngendakumana, président du parti Frodebu, parti du président Ntaryamira, trouve qu’il faudra s’armer de patience pour que la vérité sur cette mort éclate enfn au grand jour. Le pouvoir a confié ce dossier à la Commission Vérité et réconciliation (CVR), laquelle n’a pas la compétence d’enquêter sur ce qui s’est passé à Kigali, regrette-t-il.
Il constate, impuissant, que des rapports ont été produits sur le crash du Falcon du président Habyarimana, mais que le pouvoir Cndd-Fdd n’a jamais voulu parler du cas du président Ntaryamira avec les autorités rwandaises ? Et d’exploser : «Pourquoi le pouvoir actuel voudrait demander des comptes au Rwanda au moment où les relations sont tendues ?
Le Burundi a manqué une bonne occasion pour poser la question de Ntaryamira quand le relation entre Kagame et Nkurunziza étaient encore au beau fxe». Il regrette que les familles des victimes burundaises n’aient pas encore été indemnisées alors que celle des Français morts dans l’avion l’ont déjà été.