La Cour suprême de Côte d’Ivoire a rejeté, ce jeudi 21 avril, le pourvoi en cassation de Simone Gbagbo, l’ex-première dame ivoirienne. Ce rejet ouvre la voie à un procès en assises pour « crimes contre l’humanité », qui doit démarrer dès le mois de mai prochain, à Abidjan.
Simone Gbagbo, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire aujourd’hui âgé de 66 ans a déjà été condamnée en mars 2015 à vingt ans de prison, pour « attentat à l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public » durant la crise postélectorale de 2010-2011. Mais après ce procès, la chambre d’accusation du tribunal d’Abidjan l’avait renvoyée devant les assises pour « crimes contre l’humanité », le 27 janvier dernier.
Une première fois, le pourvoi en cassation de Simone Gbagbo contre cette décision avait été rejeté, le 17 mars, au motif que le mémoire de la défense avait été déposé en retard. La seconde tentative pour empêcher le jugement pour crimes de sang de celle que l’opposition surnommait la « dame de fer » vient donc d’échouer. Son avocat, Me Dadjé Rodrigue, n’a pas caché sa déception. Selon lui, il s’agit « décision politique ».
Abidjan contre la CPI
Considérée comme un acteur majeur de la crise post-électorale qui a duré près de cinq mois entre 2010 et 2011 et fait près de 3.000 morts, Simone Gbagbo était par ailleurs demandée par la Cour pénale internationale (CPI). Mais Abidjan s’est toujours opposé à son transfèrement à La Haye, au motif que la justice ivoirienne est suffisamment outillée pour assurer à l’ex-première dame un procès exemplaire sur le sol ivoirien.
Les nombreuses requêtes de la CPI sont restées sans suite, malgré le fait que son mari Laurent Gbagbo ait lui été transféré, en novembre 2011, au tribunal de La Haye, suivi en mars 2014 du politicien Charles Blé Goudé. L’actuel président Alassane Ouattara a déclaré, début février 2016, à l’issue d’une rencontre à Paris avec le président français, qu’il « n’enverrait plus d’Ivoiriens » à la CPI, parce que la Côte d’Ivoire avait désormais une « justice opérationnelle ».
« Justice des vainqueurs »
Pour certains membres de l’opposition proches du FPI, le Front populaire ivoirien, parti dont Simone Gbagbo est co-fondatrice, ce refus du président Ouattara cacherait une volonté de ne pas avoir à extrader, aussi, des gens de son bord à La Haye.
Depuis la fin de la crise en 2011 avec l’arrestation du président Laurent Gbagbo, L’opposition ivoirienne a toujours accusé le nouveau régime de pratiquer une « justice des vainqueurs ». En effet, malgré les nombreuses exactions constatées dans les deux camps en belligérance, aucun responsable pro-Ouattara n’a été inquiété à ce jour.