La Cour pénale internationale (CPI) a rejeté lundi la demande de la défense de Laurent Gbagbo d'ouvrir le procès de l'ancien président en Côte d'Ivoire, invoquant des problèmes de sécurité et de logistique.
L'avocat de M. Gbagbo, dont le client est accusé de crimes contre l'humanité lors de la crise postélectorale de 2010-2011, avait demandé aux juges que l'ouverture du procès ait lieu en Côte d'Ivoire, ou alternativement à Arusha, en Tanzanie.
"Particulièrement soucieuse des risques sécuritaires et des implications logistiques", la Cour "ne peut pas recommander que les déclarations d'ouverture se tiennent à Abidjan ou à Arusha", expliquent les juges dans un document.
"Pour cette raison, la Chambre rejette la demande", concluent-ils.
Pour justifier sa requête, l'avocat de M. Gbagbo avait notamment estimé "crucial que les Ivoiriens ne se sentent pas exclus du procès".
Les procureurs estiment pour leur part que les points positifs d'un procès à Abidjan "seraient balayés par les problèmes sécuritaires, dont le risque que les auditions provoquent de violentes manifestations".
Ils jugent par ailleurs que la tenue du procès en Tanzanie, pays "sans apparente connexion" avec la Côte d'Ivoire, n'aurait "pas plus de sens qu'un procès à La Haye".
Pour les avocats représentant les familles des victimes, la volonté manifestée par la défense d'organiser le procès de Laurent Gbagbo à Abidjan "vise essentiellement à fournir une tribune politique à l'accusé, sous couvert de déclaration à l'ouverture de l'audience".
Le procès de l'ancien président ivoirien et de son ex-chef de milice, Charles Blé Goudé, doit s'ouvrir le 10 novembre à La Haye, au siège de la CPI.
Les deux hommes, âgés de 69 et 43 ans, sont poursuivis pour leur rôle présumé dans la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à l'issue de la présidentielle de 2010. Les violences ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
L'ancien président est accusé d'avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir.
Charles Blé Goudé aurait été à la tête d'hommes ayant tué et violé des centaines de personnes, selon l'accusation, dans le but de maintenir l'ancien chef de l'Etat au pouvoir.