La Cour pénale internationale a refusé mercredi que s'ouvre en Ouganda l'audience de confirmation des charges contre Dominic Ongwen, un des principaux chefs de la sanguinaire rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur, en raison de possibles "tensions politiques".
La CPI a relevé "la possibilité d'une montée des tensions politiques au cours de la période électorale à venir, en particulier en janvier", a-t-elle affirmé dans un communiqué. L'audience se tiendra donc dans les bâtiments de la CPI à La Haye.
L'audience de confirmation des charges, destinée à déterminer si le procureur dispose de suffisamment de preuves pour un procès, doit débuter le 21 janvier et devrait durer de trois à cinq jours.
L'Ouganda doit élire son président en février 2016 et verra son président sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, se représenter une nouvelle fois. Selon l'ONG Human Rights Watch, les violences policières se multiplient à l'approche du scrutin et les membres de l'opposition courent le risque d'être "tabassés, arrêtés, voire pire encore".
La CPI a en outre relevé des "limites opérationnelles" : la tenue de l'audience en Ouganda aurait un "impact significatif sur les ressources de la Cour", qui doit déménager en décembre dans des locaux permanents à La Haye.
Les juges, avec l'appui de l'accusation et de la défense, avaient recommandé l'ouverture de l'audience à Kampala, la capitale ougandaise, dans l'espoir "de rapprocher la CPI des communautés affectées".
Agé d'environ 40 ans, Dominic Ongwen est le premier haut responsable de l'Armée de résistance du seigneur (LRA), dirigée par Joseph Kony, à comparaître devant la CPI.
Dominic Ongwen est accusé de sept crimes contre l'humanité et crimes de guerre, notamment pour meurtre, réduction en esclavage et traitements cruels.
Le Bureau du procureur désire ajouter à cela 60 nouvelles accusations, portant sur des attaques menées entre octobre 2003 et juin 2004 sur des camps de civils.
Créée dans la deuxième partie des années 80, la LRA opérait dans le nord de l'Ouganda, où elle a multiplié les exactions - enlèvements d'enfants transformés en soldats et en esclaves, mutilations et massacres de civils.
Elle en a été chassée au milieu des années 2000 par l'armée ougandaise avant de s'éparpiller et de semer la terreur dans les forêts équatoriales des pays alentours, dont la Centrafrique.
Dominic Ongwen est lui-même un ancien enfant soldat. Il avait été enlevé à l'âge de 10 ans sur le chemin de retour de l'école.
Selon l'ONU, depuis sa création la rébellion a tué plus de 100.000 personnes en Afrique centrale et enlevé plus de 60.000 enfants.