Le parquet colombien va demander à la justice d'imputer 16.000 crimes et délits aux principaux dirigeants de l'ELN, la seconde guérilla du pays, a-t-il annoncé mercredi, alors que des pourparlers de paix doivent débuter prochainement.
"Ces personnes se verraient attribuer la responsabilité de 15.896 crimes et délits sur les différents fronts de la guerre" civile entre 1986 et 2016, a déclaré le procureur général de la nation, Jorge Fernando Perdomo.
Après un an d'enquête, les cinq membres du Comité central (COCE) de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) sont considérés "comme les principaux responsables de crimes internationaux, crimes de guerre et crimes contre l'Humanité", a-t-il ajouté.
Le COCE de l'ELN est composé de Nicolas Rodriguez Bautista (alias "Gabino"), le chef suprême de la guérilla, Eliécer Herlinton Chamorro Acosta ("Antonio Garcia"), Israel Ramírez Pineda ("Pablo Beltran"), Rafael Sierra Granados ("Ramiro Vargas") et Gustavo Anibal Giraldo Quinchia (dit "Carlos Marin Guarin" ou "Pablito").
Parmi les quelque 16.000 crimes et délits attribués à l'ELN, on dénombre : 5.391 homicides, 4.894 enlèvements, 2.989 déplacements forcés, 1.605 infractions au droit humanitaire, 930 recrutements illégaux et 87 faits de violences "basés sur le genre".
Les dirigeants de la guérilla devront répondre de ces faits "bien que d'autres membres de l'ELN aient déjà été condamnés dans certains de ces dossiers", a souligné Jorge Fernando Perdomo.
Le gouvernement colombien et l'ELN, seconde guérilla du pays après les Farc, ont annoncé fin mars à Caracas leur disposition à entamer des pourparlers officiels, délocalisés en Equateur.
Mais aucune date n'a encore été annoncée pour le début de ces négociations, qui se tiendront ensuite également au Venezuela, au Chili, au Brésil et à Cuba, pays garants avec la Norvège de ce processus de paix, mené en parallèle à celui engagé depuis novembre 2012 à La Havane avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).
Selon des sources gouvernementales, cette mise en accusation n'affectera pas les négociations avec l'ELN.
Le complexe conflit armé colombien a impliqué au fil des décennies plusieurs guérillas d'extrême-gauche, milices paramilitaires d'extrême-droite et forces armées, sur fond de violence des narcotrafiquants, faisant au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,8 millions de déplacés.