Génocide rwandais: les responsabilités françaises visées dans une plainte

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L'association Survie a déposé lundi une plainte pour complicité de génocide au Rwanda en 1994 visant des responsables français de l'époque, a appris l'AFP de sources concordantes.

Cette plainte contre X vise "des responsables français en lien avec des crimes contre l'humanité commis au Rwanda", a annoncé Survie dans un communiqué.

L'association s'est refusée à tout autre commentaire avant une conférence de presse mardi.

La plainte a été déposée lundi au pôle génocide et crimes de guerre du tribunal de grande instance de Paris, a précisé une source judiciaire.

En une centaine de jours, quelque 800.000 personnes, en immense majorité des tutsi, ont été massacrées à partir d'avril 1994.

Ces tueries avaient été déclenchées après la mort du président hutu Juvénal Habyarimana dans un attentat contre son avion.

L'attitude des autorités françaises, soutiens du pouvoir hutu d'Habyarimana, a été mise en cause. Le président rwandais Paul Kagame, arrivé au pouvoir après le génocide, a notamment accusé Paris d'avoir soutenu le pouvoir hutu et d'avoir été un acteur des tueries.

Paris a toujours catégoriquement démenti toute implication dans les massacres.

Une enquête est déjà en cours sur le rôle de l'armée française pendant les tueries. Elle avait été déclenchée par une plainte déposée en 2005 par des rescapés mettant en cause l'opération militaro-humanitaire Turquoise (2.500 soldats français, de fin juin à fin août 1994).

Etaient notamment ciblés les massacres de la région de Bisesero (ouest), haut lieu de résistance tutsi face aux milices génocidaires.

Les plaignants reprochent à des militaires français de s'être présentés le 27 juin 1994 dans cette zone, d'avoir promis aux réfugiés tutsi de revenir, de ne l'avoir fait que le 30 juin. Un délai de trois jours durant lequel des massacres étaient commis.

L'enquête porte aussi sur Murambi (sud-ouest), un camp où s'étaient réfugiés des Tutsi. Les Français sont accusés par certains plaignants d'avoir laissé des miliciens hutu venir y chercher leurs victimes.

Une autre enquête porte sur un contrat d'assistance militaire et de fournitures d'armement, conclu entre l'ex-officier de gendarmerie Paul Barril, et le gouvernement rwandais (GIR) pendant les tueries de 1994, alors qu'un embargo international avait été imposé par l'ONU.

Dans le cadre d'une autre instruction, celle menée à Paris sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana, le quotidien Libération avait révélé en 2012 la présence de quinze missiles Mistral, alors interdits à la vente, au sein de l'arsenal de l'armée rwandaise, juste avant le déclenchement du génocide.