Des ONG israéliennes ont exprimé leur colère lundi contre un projet de loi imposant des mesures contraignantes à celles d'entre elles qui reçoivent de l'argent de gouvernements étrangers.
Un projet de loi publié dimanche par la ministre de la Justice Ayelet Shaked prévoit que les ONG touchant de l'argent de gouvernements étrangers devront déclarer l'origine de ces fonds lors de leurs rencontres avec des députés israéliens.
Les membres des ces organisations devront en outre porter des badges dans l'enceinte du Parlement, à l'exemple des membres de lobbys.
La loi s'appliquerait à toute organisation recevant plus de 50% de son budget de gouvernements étrangers et prévoit une amende de 29.200 shekels (6.850 euros) en cas d'infraction.
Selon Ayelet Shaked, membre du parti nationaliste religieux Foyer juif, cette loi est destinée à obtenir plus de "transparence" sur l'origine des fonds de ces ONG. "Les Israéliens et leurs élus ont le droit de savoir qui est derrière" ces organisations, a-t-elle dit dans un communiqué.
La ministre de la Justice a cité un rapport de l'ONU sur la guerre de l'été 2014 dans la bande de Gaza qui jugeait qu'Israël pouvait avoir commis des crimes de guerre en s'appuyant notamment sur des preuves fournies par des ONG comme B'Tselem, Adalah et Breaking the Silence, qui reçoivent des fonds de l'étranger.
Nombre d'ONG israéliennes de gauche reçoivent une part importante de leur financement de gouvernements occidentaux.
Les ONG marquées à droite reçoivent également de l'argent de l'étranger mais plutôt de la part de particuliers et ne sont donc pas soumis à ces restrictions.
Cinq organisations de gauche ont déclaré à l'AFP se sentir visées par l'actuel gouvernement de droite en raison de leurs critiques envers la politique gouvernementale.
"Le financement d'organisations de défense des droits de l'Homme par des fonds internationaux est légitime et nécessaire en particulier dans des pays où il y a des problèmes graves de violations de ces droits", affirme l'association Adalah, qui défend les droits des Arabes israéliens.
Mme Shaked "n'a pas l'air gênée par l'absence de transparence dans les dons aux partis et aux politiciens", déclare le Comité public contre la torture en Israël. "Elle est censée se conduire comme la ministre de la Justice et pas une démagogue nationaliste", ajoute cette ONG, qui dit déclarer quatre fois par an les donations qu'elle reçoit de gouvernements étrangers.
Le chef de l'opposition Isaac Herzog a de son côté dénoncé l'hypocrisie de la ministre de la Justice, lui rappelant qu'elle avait elle-même reçu des fonds de l'étranger lors de sa campagne électorale.
En 2013, un projet de loi avait voulu imposer une taxation des dons en provenance de l'étranger pour les ONG soutenant des mesures opposées à la politique de l'Etat d'Israël mais la mesure n'avait jamais vu le jour.