L'ONU est "très inquiète" d'une possible reprise des combats au Soudan du Sud malgré le cessez-le-feu décrété par les belligérants dans la capitale Juba, a déclaré mercredi le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous.
Il a estimé devant le Conseil de sécurité "qu'on ne peut pas exclure de nouveaux affrontements" à Juba bien que le cessez-le-feu tienne et "qu'il semble que la SPLA (armée gouvernementale, ndlr) contrôle totalement Juba".
M. Ladsous a aussi signalé une "mobilisation" des forces gouvernementales et rebelles dans la région du Haut Nil (nord) autour de Malakal et Leer.
"Nous continuons d'être très inquiets du risque de reprise de la violence et nous redoutons qu'elle ne s'étende à d'autres parties du pays", a-t-il déclaré. "La situation actuelle est changeante et incertaine".
Profitant du "calme relatif" depuis deux jours à Juba, a-t-il expliqué, des démineurs de l'ONU ont évalué les dégâts sur les pistes de l'aéroport où le trafic non commercial a repris. Ils n'ont trouvé aucune munition non explosée mais ont constaté qu'un hélicoptère et deux avions de l'ONU avaient été endommagés par des tirs.
Les Casques bleus de la Minuss (mission de l'ONU) ont pu mener "des patrouilles limitées" mais leur liberté de mouvement, de même que celle des humanitaires, est toujours entravée par les autorités, a déploré M. Ladsous.
Au total, a-t-il précisé, les humanitaires estiment que 42.000 civils ont été jusqu'à maintenant déplacés par les combats à Juba, dont 7.000 ont rejoint les camps protégés par la Minuss.
L'ONU est "prête à travailler" avec l'Union africaine (UA) et l'organisation régionale IGAD pour "définir les modalités" d'un renforcement de la Minuss avec des troupes venues de pays de la région, sous la forme d'une brigade d'intervention.
"L'objectif, a ajouté M. Ladous, est de sécuriser Juba et si possible son aéroport" et de parvenir à une "démilitarisation". Ces plans doivent être discutés lors d'un sommet de l'UA dimanche à Kigali.
Le Minuss, forte de 12.000 hommes actuellement, protège plusieurs dizaines de milliers de déplacés dans ses bases à Juba et dans le reste du pays.
M. Ladsous a aussi réaffirmé, comme l'avait fait le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la nécessité d'imposer un embargo sur les armes et des sanctions ciblées contre les fauteurs de troubles.
Ces demandes sont soutenues par la France et le Royaume-Uni notamment, ont indiqué leurs ambassadeurs juste avant la réunion.
"Il est plus que temps d'imposer un embargo sur les armes", a souligné l'ambassadeur français François Delattre. Le Conseil doit aussi, a-t-il dit, intensifier au maximum les pressions sur les deux camps pour qu'ils appliquent l'accord de paix conclu il y a un an entre le président Salva Kiir et son vice-président et rival Riek Machar.