L'ancienne ministre burundaise Hafsa Mossi, proche du président Pierre Nkurunziza, a été assassinée mercredi près de son domicile à Bujumbura, a annoncé le porte-parole de la police Pierre Nkurikiye.
Députée au Parlement de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) depuis 2012, Mme Mossi a été "assassinée à 10H30" (08H30 GMT) dans le quartier de Gihosha, dans l'est de Bujumbura, par "deux criminels dans un véhicule", a indiqué M. Nkurikiye sur son compte twitter.
Membre du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, Mme Mossi avait été successivement ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement (2005-2007), puis ministre aux Affaires de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (2009-2011).
Ancienne journaliste, passée par la télévision nationale (RTNB) et la BBC, Mme Mossi avait aussi été la conseillère en communication du président Nkurunziza.
"L'assassinat d'Hafsa Mossi est un acte ignoble et lâche. C'est une perte inestimable pour le Burundi, sa famille et toute l'EAC", s'est indigné ce dernier sur son compte Twitter.
Plusieurs membres du gouvernement ont également exprimé leur émotion après ce meurtre. "Attristé par l'assassinat aujourd'hui à Bujumbura d'Hafsa Mossi (...) Une grande perte pour la Nation et pour l'EAC", a twitté le ministre des Affaires étrangères Alain-Aimé Nyamitwe.
Plusieurs militaires de haut rang proches du pouvoir ont été tués depuis le début de la crise au Burundi, en avril 2015, mais Mme Mossi est la première personnalité politique de premier plan à être assassinée.
Elle s'était montrée très discrète depuis le début de la crise et les motifs de son assassinat n'étaient pas connus mercredi.
Bien que proche du pouvoir, Mme Mossi n'était pas perçue comme une dure du régime. En juin 2015, elle avait visité avec d'autres parlementaires de l'EAC le camp de réfugiés burundais de Mahama au Rwanda, et n'avait pas pu retenir quelques larmes devant la misère des déplacés.
Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères du Rwanda, un pays qui entretient des relations très difficiles avec le pouvoir burundais, s'est aussi déclarée sur son compte twitter "en deuil pour mon amie burundaise, Hafsa Mossi, juste assassinée à Bujumbura! Une femme bonne et une politique dévouée. Repose en paix ma soeur!"
La France a "condamné" son assassinat et s'est dite "préoccupée par la poursuite de violences et de violations des droits de l’Homme au Burundi", estimant que seul "un dialogue approfondi" permettrait d'apporter une solution pacifique à la crise.
Amnesty International a réclamé qu'une enquête indépendante soit menée sur la mort d'Hafsa Mossi. Sa disparition "est une grande perte pour le peuple burundais et la région d'Afrique de l'Est", a estimé Muthoni Wanyeki, directrice pour l'Afrique de l'Est chez Amnesty.
"Son meurtre doit rapidement faire l'objet d'une enquête indépendante et impartiale, et ceux qui sont soupçonnés d'être responsables devront rendre des comptes lors de procès équitables", a-t-elle ajouté.
Le président du Parlement de l'EAC, Daniel Kidega, a également espéré que "les autorités (burundaises) agiront rapidement pour s'assurer que ceux qui sont derrière cet acte barbare et lâche soient immédiatement appréhendés".
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.