La France entame samedi un deuil national de trois jours après l'attentat de Nice (sud-est) qui a fait au moins 84 morts, dont 10 enfants, tués par un Tunisien, dont les liens avec l'islamisme radical sont sujets à caution.
Le président français François Hollande a décrété trois jours de deuil national, à partir de samedi en France, où des rassemblements de solidarité se poursuivaient. Une minute de silence sera observée lundi à 12H00 (10h00 GMT) dans le pays.
L'enquête s'attache à déterminer les motivations du tueur, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Pour le Premier ministre français Manuel Valls, "c'est un terroriste sans doute lié à l’islamisme radical d’une manière ou d’une autre" qui a lancé son camion jeudi soir sur une foule rassemblée pour la Fête nationale dans cette ville du sud-est de la France.
Toutefois, à la question "Est-ce que ce soir vous êtes en mesure de nous dire qu'il est lié à l'islam radical", son ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a répondu "non" sur la chaîne TF1.
M. Lahouaiej-Bouhlel, père de famille de 31 ans, est décrit par ses voisins à Nice comme n'ayant aucune pratique religieuse affichée, taciturne, violent notamment envers son ex-femme, voire comme un déséquilibré.
Pour le procureur de Paris, François Molins, patron des magistrats antiterroristes français, cette attaque meurtrière, non revendiquée, correspond "très exactement aux appels permanents au meurtre des jihadistes".
L'homme, un chauffeur-livreur, en instance de divorce, était "totalement inconnu des services de renseignement (...) et n'avait jamais fait l’objet de la moindre fiche ni du moindre signalement de radicalisation", a-t-il déclaré. Il était en revanche connu de la justice pour des "faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016".
- Plus de 200 blessés -
Selon son père, il n'avait pas de lien avec la religion et au début des années 2000, "il a eu des problèmes qui ont provoqué une dépression nerveuse. Il devenait colérique, il criait, il cassait tout ce qui trouvait devant lui", a déclaré Mohamed Mondher Lahouaiej-Bouhlel à l'AFP à Msaken (est de la Tunisie).
Un habitant de son ancienne barre d'immeuble, où le tueur vivait avec son épouse avant d'en partir voici environ 18 mois, dresse le profil d'un déséquilibré: "Quand il s'est séparé de sa femme il a déféqué partout, trucidé le nounours de sa fille à coup de poignard", a-t-il affirmé.
Les enquêteurs ont retrouvé à bord du camion frigorifique de 19 tonnes deux pistolets automatiques et des armes factices. Son ex-femme a été placée en garde à vue.
L'homme a été abattu par la police après avoir semé la mort sur deux kilomètres de la célèbre Promenade des Anglais, haut lieu touristique en bord de mer de la capitale de la Côte d'Azur.
Dix enfants et adolescents ont été tués, a précisé M. Molins. Le bilan total pourrait encore s'alourdir avec "202 blessés, dont 52 en état d'urgence absolue" qui sont "entre la vie et la mort", selon lui.
Au moins 17 étrangers ont trouvé la mort dans l'attaque, dont trois Allemands, deux Américains, trois Tunisiens et trois Algériens.
- Conseil de défense -
"Nous n'en avons pas terminé" avec le "terrorisme", a déclaré François Hollande, alors que la France est frappée pour la troisième fois en 18 mois avec un bilan global de 231 morts et des centaines de blessés.
Quelque 30.000 personnes étaient venues admirer le traditionnel feu d'artifice du 14 juillet quand le camion a foncé dans la foule peu avant 21H00 GMT.
"Les gens étaient broyés par les roues, il y a deux petits de huit ou neuf ans qui sont morts à côté de nous", sous les yeux de leurs parents, a raconté Bachir, rencontré par l'AFP dans un hôpital niçois.
M. Hollande doit tenir samedi un deuxième Conseil de défense, avant de réunir son gouvernement.
Le président français a annoncé une prolongation pour trois mois supplémentaires de l'état d'urgence, décrété après les attentats du 13 novembre, qui facilite notamment les perquisitions et l'assignation à résidence de suspects.
Le groupe Etat islamique (EI) menace régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.
Toutefois, ses communiqués et publications ne mentionnaient pas vendredi la tuerie de Nice.