L'installation, initialement prévue à partir de ce vendredi, d'autorités intérimaires dans le nord du Mali en application de l'accord de paix de 2015 connaîtra "un léger retard", a affirmé à l'AFP un haut responsable malien, évoquant des "problèmes logistiques et d'organisation".
Selon un calendrier initial arrêté mi-juin, ces autorités intérimaires devaient être déployées à partir de vendredi et jusqu'au 25 août dans les cinq régions administratives du nord du Mali, régulièrement en proie à des attaques jihadistes en dépit de la présence de forces maliennes et étrangères déployées dans le pays depuis 2013.
La création de ces autorités est prévue par l'accord de paix signé en mai-juin 2015 par le gouvernement, les groupes armés qui le soutiennent (Plateforme) et les ex-rebelles à dominante touareg du Nord (Coordination des mouvements de l'Azawad, CMA).
"Le processus de désignation des autorités intérimaires qui devait commencer aujourd'hui (vendredi) prendra finalement un léger retard", a déclaré le haut responsable ayant requis l'anonymat.
"Des problèmes de logistiques et d'organisation" demeurent encore à résoudre" a-t-il affirmé, sans préciser de nouveau calendrier.
"Nous devons commencer (leur installation) par Kidal (extrême nord-est)", chef-lieu de la région du même nom contrôlé par la CMA et la Plateforme, or, des responsables de ces groupes "sont au Niger" pour une médiation sous l'égide de ce pays voisin, a-t-il encore affirmé.
Les autorités temporaires, devant être désignées par l'Etat, la Plateforme et la CMA, auront pour mission de gérer pendant une période transitoire les régions administratives du Nord, en remplacement des collectivités territoriales.
Fin mars, les députés maliens avaient voté la loi modifiant le Code des collectivités territoriales afin de permettre leur création.
Contestant ces dirigeants intérimaires, en dénonçant notamment une violation de principes constitutionnels, l'opposition avait saisi la Cour constitutionnelle pour annuler la loi. Sa demande a été rejetée.
La contestation a pris une tournure dramatique lorsque, mardi, des jeunes de Gao, la plus grande ville du Nord, sont descendus dans les rues pour les dénoncer. La manifestation, interdite selon les autorités locales, a été violemment dispersée par les forces de sécurité. Quatre civils ont été tués, et une trentaine de personnes blessées.
"Les inquiétudes suscitées par certaines dispositions de l'accord (de paix) découlent, de manière évidente, d'interprétations erronées", a affirmé jeudi le président malien Ibrahim Boubacar Keïta dans un message à la Nation, appelant à "oeuvrer encore davantage pour sa meilleure compréhension et son appropriation par l'ensemble" de la population.