Un génocide est-il possible en cette fin d’année 2015 ? Oui, dit Jean-Marie Guéhenno, patron de l’International Crisis Group (ICG) et ancien responsable des opérations de maintien de la paix à l’ONU, qui dans un tweet largement retweeté écrivait jeudi : « Le climat de violence au #Burundi ressemble tragiquement au Rwanda de 93-début 94. Grand temps d'arrêter le glissement vers des désastres ». Il employait en Anglais le mot même de « génocide ». (Violence in #Burundi reminds one of pre-genocide #Rwanda. High time to stop slide towards disasters. UNSC and national leaders must mobilize). A l’appui de ses craintes, l’ICG rendait public une « alerte » sur la course à l’abime de ce petit pays de l’Afrique des grands lacs depuis la réélection contestée du Président Nkurunziza et la féroce répression de toute opposition. La France aussi a condamné "les discours de haine" à la connotation communautaire "inacceptable" et annoncé la tenue, lundi, d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. "Nous somme sûrs qu'il n'y aura pas de guerre ni de génocide au Burundi, on ne permettra pas que ce pays retombe dans ses vieux démons", a assuré de son côté Willy Nyamitwe, conseiller principal en communication de la Présidence burundaise. Mais dimanche à Bujumbura, les populations fuyaient les quartiers à majorité tutsi du nord de la capitale pour se réfugier en périphérie ou dans des zones réputées plus calmes.
Signe de l'inquiétude que suscite le Burundi à l'étranger, la procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, s'est déclarée prête à poursuivre tout auteur éventuel de "crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou actes de génocide".
L’ « early warning project » un site spécialisé dans la prévention des « crimes contre l’humanité et atrocités » plaçaient lui-aussi le Burundi parmi les pays à haut risque de guerre civile alors que la rhétorique du gouvernement prenait des tonalités de plus en plus « ethniques » à la veille de l’ultimatum du samedi 7 novembre adressé à l’opposition. Dans cette région où les mots ne sont pas innocents, le Président du Sénat burundais Révérien Ndikuriyo a menacé de "pulvériser les quartiers" contestataires de la capitale. "Aujourd'hui, les policiers tirent dans les jambes pour éviter de tuer quand ils sont la cible de grenades dans vos quartiers. Mais le jour où on va leur dire de +travailler+, ne venez pas pleurer!", a averti ce proche du Président. Allusion transparente au génocide rwandais de 1994 où les miliciens hutu partant massacrer les Tutsi étaient enjoints à bien "travailler". Ces admonitions suffiront-elles à empêcher l’horreur ?