Une porte d'une mosquée de Tombouctou, détruite en 2012 par les jihadistes dans cette ville du nord du Mali et restaurée sous la supervision de l'Unesco, a été réinstallée lundi lors d'une cérémonie officielle, a constaté un journaliste de l'AFP.
La "porte secrète" de la mosquée de Sidi Yahia fait partie des édifices religieux, essentiellement des mausolées de saints musulmans, démolis en 2012 au nom de la lutte contre l'idôlatrie par les groupes jihadistes qui contrôlaient le nord du Mali, et restaurés grâce à l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture).
L'un des auteurs de ces actes, le Touareg malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi, est actuellement jugé pour destruction de patrimoine culturel par la Cour pénale internationale (CPI), dont le verdict est attendu le 27 septembre.
Une centaine de personnes, des responsables maliens, des dignitaires religieux, des diplomates, dont le représentant de l'Unesco, Lazare Eloundou, l'adjointe du chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mbaranga Gasarabwe et l'ambassadeur de l'Union européenne Alain Holleville, mais aussi des habitants, ont assisté à la cérémonie, sous haute sécurité.
Des prières musulmanes ont été récitées lors de la réinstallation de cett porte de la mosquée de Sidi Yahia, considéré comme le "saint patron" de Tombouctou.
"C'est un jour très important", a déclaré à l'AFP l'imam de la mosquée, Alphadi Wangara.
"Depuis nos aïeux, depuis des siècles on a trouvé la porte comme ça, fermée", avec interdiction d'y toucher, a-t-il expliqué.
Le président du conseil communal de la jeunesse de Tombouctou, Salah Maïga, a indiqué avoir "assisté à sa destruction un matin de bonne heure. Pour nous c'est un symbole, ça a été détruit sous les yeux de tout le monde".
"On était là avec des barbares, des gens sans loi, sans croyance, qui se réclament de l'islam", a-t-il dit, affirmant attendre de la CPI "un procès juste, de quelqu'un qui a détruit quelque chose qui appartient à l'humanité toute entière".
Au procès, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a plaidé coupable et demandé pardon, appelant tous les musulmans à s'abstenir de "ce genre d'actions dont les conséquences n'ont pas de limites et pas de bénéfices".
Selon l'Unesco, la "porte secrète" de Sidi Yahia, la seule à faire face au couchant, a été "restaurée par les artisans menuisiers entre avril et août 2016".
Le groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012 en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.