Kinshasa a retrouvé un calme précaire mercredi matin, selon des journalistes de l'AFP, après deux journées de pillages et d'affrontements meurtriers entre forces de l'ordre et jeunes en colère contre le pouvoir du président congolais Joseph Kabila.
Dans les quartiers centre-ouest et sud de la capitale de la République démocratique du Congo, la vie a commencé à reprendre un cours normal.
Vers 09h00 (08h00 GMT), les transports en communs fonctionnaient de nouveau, mais la situation était plus fluide qu'un jour normal dans cette mégapole de 10 millions d'habitants habituée aux embouteillages.
Les vendeurs à la sauvette qui avaient disparu pendant deux jours déambulaient de nouveau en transportant leurs marchandises sur la tête.
Les pompes à essence et les boutiques avaient majoritairement rouvert. Pas d'écoliers visibles dans les rues en revanche, les parents préférant les garder un troisième jour à la maison pour s'assurer que le calme est bien rétabli.
"C'était terrible ici hier et avant-hier", explique Christian, 21 ans, devant une boutique d'opérateur téléphonique dévalisée au quartier 1 de Ndjili dans le sud de la capitale.
"On ne refuse pas que les gens revendiquent leurs droits, mais ce qui me fait mal, c'est qu'on ait cassé et pillé" des commerces susceptibles de donner de l'emploi à la grande majorité de la population qui en manque cruellement, ajoute-t-il.
Un peu plus loin, un dépôt du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo (créé il y a deux ans par le gouvernement) a été totalement pillé. Il n'y reste que des conteneurs vides.
"La grande majorité de la population n'a pas les moyens de manger ce maïs produit au Congo", déclare Patrick, pour qui cela explique "la colère qui pousse les gens à piller".
"On n'a pas de problème particulier avec le président Kabila, mais nous attendons qu'il dise publiquement qu'il ne va pas se représenter" et "que le président qui lui succédera donne de l'emploi aux gens", ajoute-t-il.
Les violences ont commencé lundi matin en marge d'une manifestation d'opposition à trois mois et un jour de la fin du mandat de M. Kabila, pour lui signifier son "préavis".
La marche a très rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Les violences, qui ont fait un nombre indéterminé de victimes (au moins une vingtaine de morts), se sont poursuivies mardi et ont été accompagnées de nombreux pillages ou actes de vandalisme.
La Constitution interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter, mais le chef de l’État ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste alors que la présidentielle apparaît désormais impossible à organiser dans les temps.